Le cunnilingus peut conduire à une grave fuite d’air dans la cavité abdominale susceptible de causer d’intenses douleurs voire une embolie mortelle.
au sommaire
Des pratiques sexuelles en apparence anodines peuvent s'avérer bien plus dangereuses que prévu. Il y a peu, Futura vous relatait déjà le cas d'un homme ayant provoqué une hémorragie cérébrale en se masturbant. Cette fois-ci, un article du Journal of the Society of Laparoscopic & Robotic Surgeons raconte comment un homme a failli tuer sa compagne lors d'un cunnilingus, en insufflant de l'airair dans sa cavité abdominale.
Des douleurs intenses se propageant dans tout le ventre
Le cas remonte à l'année 2000. Une jeune femme de 24 ans se présente aux urgences pour de sévères douleurs abdominales et thoraciques. Elle décrit une douleur très aiguë et continue, d'abord localisée en bas à droite du ventre, puis remontant et se propageant dans tout le ventre et s'aggravant au moindre mouvementmouvement. Les examens de routine ne détectent aucune fièvre et les paramètres vitaux (pouls, température, tension...) sont normaux. Il s'agit en fait de la troisième fois que la jeune femme connaît ce genre de douleur intense. Deux précédents événements six et douze mois auparavant l'ont déjà conduite aux urgences pour les mêmes raisons et avaient alors permis de détecter un pneumopéritoine.
Le pneumopéritoine est une grave pathologie où la cavité de l'abdomenabdomen (cavité péritonéale) se remplit d'air. L'air s'accumule entre le foiefoie et la paroi abdominale, et peut remonter sous les coupolescoupoles diaphragmatiques. Dans 90 % des cas, le pneumopéritoine fait suite à une fuite d'air lors d'une intervention chirurgicale (ponctionponction péritonéale, endoscopieendoscopie, biopsiebiopsie, effraction de la paroi abdominale...). Il peut aussi résulter d'une perforation du tube digestif suite à un ulcère ou l'insertion d'un corps étranger. Environ 10 % des pneumopéritoines demeurent cependant de cause inconnue.
Scanner montrant un pneumopéritoine (P), où l’air s’accumule entre le diaphragme (D) et le foie (L). © Shamir Cawich et al, International Journal of Surgery Case Reports, 2013
Le ventre gonflé par un cunnilingus
En interrogeant la patiente, les médecins s'aperçoivent que les épisodes de pneumopéritoine surviennent à chaque fois après des rapports sexuels oraux, au cours desquels son partenaire a pratiqué un cunnilingus en insufflant de l'air dans son vaginvagin, « gonflant » ainsi son abdomen comme un ballon de baudruche. Lors de ces rapports sexuels, « de grandes quantités de gazgaz peuvent être insufflées sous pressionpression dans le vagin. Le gaz peut se frayer un chemin à travers l'utérusutérus et, après avoir dilaté les tubes, entraîner un pneumopéritoine », décrivent les médecins.
Le saviez-vous ?
Le cunnilingus consiste à stimuler le clitoris et la vulve de la femme avec la langue, les lèvres ou le nez. Il est généralement pratiqué comme préliminaire mais peut également provoquer l’orgasme.
Un risque méconnu et sous-estimé
Le gaz se résorbe généralement en quelques jours (jusqu'à une semaine) lorsqu'il n'y a pas de perforation de la paroi intestinale. Cependant, « l'inhalationinhalation oro-vaginale est particulièrement dangereuse, notamment pendant la grossessegrossesse, car de grandes quantités de gaz peuvent facilement pénétrer dans les veines utérines et provoquer une embolieembolie gazeuse mortelle », mettent en garde les auteurs. Or, les cas de pneumopéritoine liés au sexe oral sont loin d'être exceptionnels. Un article de 2013 de l'International Journal of Surgery Case Reports indique que 19 cas de pneumopéritoine liés à un rapport oro-génital ont été recensés dans la littérature scientifique. Mais ce chiffre est sans doute largement sous-estimé, car de nombreuses patientes ne se rendent pas à l'hôpital ou parce que les douleurs sont de duréedurée limitée, estiment les auteurs de l'étude de 2000.
Outre le risque de pneumopéritoine, le cunnilingus présente des risques d'infection en cas de mauvaise hygiène, ainsi qu'un mode de transmission pour d'autres maladies sexuellement transmissibles (hépatite Bhépatite B, hépatite Chépatite C, syphilissyphilis, gonorrhéegonorrhée, herpèsherpès...).