Quelque 9,6 de Français seraient exposés au tritium en buvant l'eau du robinet, notamment les riverains des installations nucléaires et de leurs sites industriels, selon une enquête de la Criirad. Peu d'études sont disponibles concernant les contaminations au tritium, mais à forte dose, pourrait-il avoir des effets cancérogènes ou nuire à la fertilité. La situation est-elle sous-évaluée ?
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Dans une enquête publiée récemment, la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivitéCommission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) révèle qu'en France, 9,6 millions de personnes sont exposées - via l’eau du robinet - au tritiumtritium, le principal produit radioactif rejeté dans l'environnement par l'industrie nucléaire. Cela présente-t-il un risque ?
Le tritium est un isotopeisotope radioactif de l'hydrogènehydrogène. Il possède deux origines : l'une naturelle, l'autre induite par les activités humaines. Dans ce cas, il provient essentiellement des rejets liquidesliquides et gazeux des centrales nucléaires.
Un travail réalisé par la Criirad et Médiapart nous apprend que des analyses effectuées entre 2016 et 2024 révèlent la présence de tritium dans les eaux potables de nombreuses communes françaises.
Quelles sont les zones les plus touchées ?
La contamination suit principalement le tracé des grands fleuves où sont installées des centrales nucléairescentrales nucléaires :
- La région parisienne (290 communes dont Paris) ;
- La vallée de la Loire (Nantes, Angers, Tours, Orléans) ;
- La vallée du Rhône (Lyon, Bollène) ;
- La vallée de la Garonne (Agen, Marmande) ;
- La vallée de la Vienne (Châtellerault).
Un cas particulier est observé en Côte-d'Or, où 77 communes sont touchées en raison de la présence du Commissariat à l'énergieénergie atomique (CEA) de Valduc, lieu de fabrication des armes thermonucléaires. Il s'agit du site qui, de loin, rejette le plus de tritium en France par voie atmosphérique.
L'ampleur de la situation est-elle sous-estimée ?
Au total, 663 communes et 9,6 millions d'habitants sont concernés. Mais le problème pourrait être plus étendu. Car, pour les auteurs de l'enquête, les analyses manquent souvent de précision et elles concernent les agglomérations situées le long ou à proximité de cours d'eau. Ainsi, « en dehors de ces principaux secteurs, de nombreuses communes présentent de façon ponctuelle une contamination en tritium dont l'origine reste à déterminer ». De fait, près de 4 000 communes n'ont fait l'objet d'aucun contrôle.
Les dangers du tritium pour la santé sont-ils sous-évalués ?
Depuis 2005 seulement, la recherche de tritium dans l'eau potable est devenue obligatoire. Mais selon la Criirad, « les résultats sont difficilement accessibles ». Et les dangers du tritium sont « sous-évalués ». Même son de cloche du côté de l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) qui explique que « peu d'études épidémiologiques se sont intéressées aux risques sanitaires associés au tritium ». Elle évoque néanmoins, sur modèle animal, « un effet cancérogène de l'exposition au tritium à forte dose ainsi qu'une atteinte de la fertilité ».
Pour en savoir plus, il est possible de consulter la carte interactive émise par la Criirad des communes les plus exposées au tritium.