Avec la génération des Milléniaux, Internet fait désormais partie intégrante du quotidien de bon nombre de Français. Mais, à l’heure des Instagram, Facebook et autres réseaux sociaux, on constate parallèlement une augmentation de l’obsession minceur en particulier chez les jeunes filles au moment de la puberté.
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On n'hésite pas à poster ces plats et son assiette comme à se prendre en photo sous mode « selfieselfie », parfois en petite tenue dès lors que l'on est fier d'exhiber son corps aux yeuxyeux d'un nombre incalculable de « voyeurs ». Les challenges minceur se multiplient et on se lance des défis quant à la perte de poids la plus rapide, le corps le plus vite sculpté etc.
Un lien statistique ne crée pas une certitude scientifique. J'ai coutume de dire que notre pays compte autant de diététiciensdiététiciens nutritionnistesnutritionnistes que d'habitants. Chacun a son avis sur la question alimentaire et les réseaux sociaux ne sont qu'une caisse de résonancerésonance de ce qui se passe au sein de chaque famille. Ainsi, en errant sur InternetInternet, on peut voir des idées scientifiques sérieuses côtoyer du « grand n'importe quoi » qui relève de la pensée magique, voire de la fumisterie.
Le mal-être chez les jeunes
Le grand succès des réseaux sociauxréseaux sociaux tient à ce que l'on peut introduire un peu de son narcissisme dans cette mécanique générale et que l'on a le sentiment de mieux exister et de sortir de la nasse en se montrant et en dévoilant un peu ou complètement son intimité. Certains vont être broyés dans ce système aspirateuraspirateur.
Malheureusement, dans les cabinets médicaux, on assiste à une montée en puissance du mal-être de jeunes personnes qui ne se sentent pas à leur place dans le monde qu'on leur propose et qui dépriment de voir que la réalité physiquephysique est en désaccord avec leur idéal originel. Le conte de fées est brisé à l'aune du pouvoir de la génétique, des hormones et de notre environnement sociétal.
La montée en puissance des troubles du comportement alimentaire, de l'obésité, du surpoids est inéluctable. Au mieux, nous pourrons ralentir leur progression mais certainement pas inverser les chiffres. Les influenceurs qui prévalent sur Internet devraient s'occuper de l'éthique qu'ils promeuvent et donc, pour certains, se remettre fondamentalement en question sur la réalité virtuelleréalité virtuelle qu'ils proposent à des jeunes.
On devrait limiter le temps libre sur Internet à 1 h-1h 30 par jour au maximum, ce qui limiterait un peu le risque de noyade informationnelle.
Quand la science se noie dans l'ogre Internet
Le savoir médical et scientifique se trouve délayé parmi la maréemarée d'informations qui nourrissent quotidiennement cet ogre Internet. Ainsi, un obscur internaute va avoir le même poids qu'un illustre universitaire. Le quidam moyen ne saura pas faire la différence et c'est normal. La parole retenue proviendra de celui qui crie au loup le plus fort ou à celui qui véhicule les théories les plus fantaisistes sans aucun étayage scientifique, validé et publié dans des revues internationales à comité de lecture.
Il n'est pas rare désormais en cabinet médical d'avoir en face du médecin des experts en glutengluten, en lactose, en crudivorisme, en véganisme, en maladies cardiovasculairesmaladies cardiovasculaires, en statinestatine, en diabétologie, en méthodes amaigrissantes, en cryothérapiecryothérapie etc. Il serait bien d'introduire un enseignement scolaire sur l'art d'utiliser, de critiquer Internet et de savoir garder son intégritéintégrité physique en ne s'exposant pas sur les réseaux sociaux.
Dr Arnaud Cocaul
En savoir plus sur le Dr Arnaud Cocaul
Le Dr Arnaud Cocaul est médecin nutritionniste, spécialisé dans la prévention de l'obésité et les troubles du comportement alimentaire en général. Il intervient dans les médias autour de sujets concernant la nutrition, et est favorable à une interface avec les médias. Il dispense des conférences grand public toujours dans l'esprit d'être un passeur et a participé à la réalisation d'une application ludique (Serious game) pour mobile, baptisée KcalMe.