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La dépression est une maladie qui se caractérise par un profond désarroi et un manque de goût à la vie. Cependant les symptômes ne sont pas seulement psychologiques puisqu'une personne dépressive aurait plus de chance de développer un cancer ou un problème cardiaque. © Toni Birrer, Flickr, cc by sa 2.0
Tristesse excessive, perte de motivation ou manque d'estime de soi ? Ces symptômes ne sont pas à prendre à la légère puisqu'ils peuvent rimer avec l'apparition d’une dépression. Selon le ministère de la Santé, près de 20 % des Français connaîtront un épisode dépressif au cours de leur vie. Personne n'est protégé contre cette maladie qui touche toutes les catégories de la population, quels que soit leurs âges. Elle peut survenir brusquement après un événement difficile ou s'insinuer sournoisement dans le quotidien. La dépression peut alors devenir chronique et conduire à des idées noires, voire au suicide.
La consommation d'antidépresseurs a connu une augmentation en Europe. Cette étude montre que dans la grande majorité des pays, le taux de suicide a quant à lui baissé. Faut-il pour autant consommer plus de ces médicaments ? © Emuishere Peliculas, Flickr, cc by nd 2.0
Les gens souffrant de dépression présentent des déséquilibres chimiques dans le cerveau au niveau des neurotransmetteurs, les moléculesmolécules impliquées dans la transmission des messages nerveux. Les antidépresseurs rééquilibrent le fonctionnement chimique de certains circuits de neurones liés à la dépression et sont souvent prescrits pour en soulager les symptômes. Après quelques semaines de traitement, ces médicaments aident généralement à redonner goût à la vie.
Cependant, même si une grande variété d'antidépresseursantidépresseurs circule sur le marché, le remède miracle contre la dépression n'existe pas. En effet, de nombreux individus ne sont que partiellement sensibles à ces médicaments et d'autres sont incapables de supporter les effets secondaires associés au traitement. Parfois, le traitement peut avoir l'effet inverse de celui escompté et conduire à des pensées ou des comportements suicidaires. Dans tous les cas, la prise d’antidépresseurs ne peut pas être considérée comme une solution à long terme et doit s'accompagner d'une prise en charge psychothérapeutique.
Une augmentation de 20 % de la prise d’antidépresseurs en 30 ans
L'effet des antidépresseurs dans le traitement de la dépression est un sujet polémique. Plusieurs études ont été réalisées sur ce sujet mais elles ont abouti à des résultats contradictoires. Afin de trancher sur la question, une équipe de chercheurs européens et américains a réalisé une vaste étude basée sur la comparaison entre l'utilisation des antidépresseurs et le taux de suicide en Europe entre 1980 et 2009. Leurs résultats sont publiés dans la revue Plos One.
Les chercheurs ont analysé les données de 29 pays européens comprenant : la Croatie, l'Islande, la Norvège, la Suisse et 25 pays de l'Union européenne (Malte et Chypre ont été exclus). Ils ont récolté les informations concernant le taux de suicide annuel et la prise journalière d'antidépresseurs dans les bases de donnéesbases de données de la World Health Organization (WHO) entre les années 1980 et 2009.
Les antidépresseurs pour réduire le taux de suicide ?
Leurs résultats montrent que l'utilisation des antidépresseurs dans les pays européens a augmenté de 20 % en moyenne entre 1980 et 2009. La Hollande et la Suisse ont connu la plus faible hausse (3 %), suivis par la Bulgarie, la France et le Luxembourg (5 %). En revanche, la Finlande, la République tchèque, la Slovaquie et la Suède affichent des augmentations record allant de 59 % à 34 %.
Le taux de suicide a quant à lui suivi le chemin inverse. Au cours des trente années, le nombre annuel de suicide a baissé de 0,81 % en moyenne. Cette analyse met en évidence une corrélation entre une augmentation de la prise d’antidépresseurs et la baisse du taux de suicide dans tous les pays européens, à l'exception du Portugal. Selon les auteurs, il conviendrait donc d'utiliser ces médicaments dans le cadre d'une dépression afin de réduire ce risque. Cependant, les antidépresseurs ne doivent pas être le seul traitement et un suivi psychologique est essentiel pour soigner la maladie et se séparer peu à peu des comprimés.