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Pseudomonas aeruginosa se développe dans de nombreux environnements. Bien que souvent peu agressive pour l'Homme, elle peut devenir très pathogène chez les personnes immunodéprimées et chez les patients atteints de mucoviscidose. Elle est d'ailleurs souvent responsable d'infections nosocomiales, c'est-à-dire d'infections contractées lors d'un séjour dans un établissement de soin. Ce germegerme est d'autant plus dangereux qu'il peut résister à un grand nombre d'antibiotiques et son éradication est de plus en plus difficile.
Des chercheurs français de l'Inserm viennent d'identifier un nouveau comportement chez cette bactérie. Leurs résultats montrent que Pseudomonas aeruginosa casse l'ADN des cellules, ce qui induit l'activation de la machinerie de réparation du matériel génétiquematériel génétique. Cette découverte est publiée dans la revue Cellular and Molecular Life Sciences.
Pseudomonas aeruginosa est souvent responsable d'infections nosocomiales qui se produisent à l'hôpital. © Phalinn Ooi, Flickr, cc by 2.0
L'histoire a commencé en laboratoire en observant des cellules infectées par Pseudomonas aeruginosa. Les auteurs se sont rendu compte que la bactérie endommageait l'ADN des cellules. « Ces modifications sont identiques à ce qui se passe lors d'une irradiation, explique Claudie Lemercier, la directrice de cette étude. Ce phénomène est en partie dû à la phosphorylation d'une protéineprotéine eucaryoteeucaryote, appelée H2AX, qui induit des cassures dans l'ADN. »
Une bactérie qui détruit l’ADN et active des protéines réparatrices
Ce phénomène n'est pas nouveau. Les bactéries Helicobacter pylori et Escherichia coli peuvent aussi entraîner de tels dégâts génétiques. Dans cette nouvelle publication, les chercheurs ont poussé l'étude un peu plus loin et ont montré que la protéine H2AX n'était pas la seule protéine à être modifiée lors d'une infection par Pseudomonas aeruginosa. Ils ont en effet constaté l'activation de protéines impliquées dans la réparation de l'ADN, comme la protéine Ataxia Telangiectasia Mutated (ATM). L'infection par Pseudomonas aeruginosa aurait donc un double effet : elle casserait l'ADN, mais provoquerait aussi sa réparation.
« À ce stade nous ne connaissons pas les conséquences des cassures et des réparations induites par Pseudomonas aeruginosa, poursuit Claudie Lemercier, il est possible qu'elles engendrent des dysfonctionnements ou des réparations incorrectes de l'ADN. » L'équipe de l'Inserm veut maintenant évaluer ces risques et en particulier celui de développer un cancer. Chez la bactérie Helicobacter pylori, responsable de cancerscancers gastriques, ce mécanisme pourrait en être à l'origine.
De nombreuses études restent à faire pour comprendre ce mécanisme et pour en évaluer les effets. Les chercheurs veulent valider ces résultats in vivoin vivo chez l'Homme et identifier les moléculesmolécules signal qui induisent les dommages et réparations de l’ADN chez l'hôte. Ces travaux permettraient de mieux lutter contre les infections à Pseudomonas aeruginosa.