Une vaste étude menée dans plus de 850 villes européennes a identifié les secteurs d'activité qui génèrent le plus de décès liés à la pollution atmosphérique.
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La pollution atmosphérique tue. Selon un rapport de l'AEE, l'Agence européenne de l'environnement, publié en avril dernier, elle entraînerait la mort prématurée de 1 200 enfants chaque année en Europe. Toujours d'après des estimations de l'AEE, la pollution de l'air est responsable de la mort de 238 000 personnes en Europe en 2020. Pour étudier ce fléau de plus près, l'Institut de Barcelone pour la santé mondiale (ISGlobal) a passé au crible la qualité de l'airair dans 857 villes européennes. Dans cette étude publiée par The Lancet Public Health, deux types de polluants atmosphériques et néfastes pour la santé ont été pris en compte : le dioxyde d'azoteazote (NONO2) et les particules finesparticules fines (PM2,5).
Les données proviennent de plusieurs sources, dont l'Audit urbain, le Centre commun de recherche (CCR) de la Commission européenne (2018), l'inventaire régional du service de surveillance de l'atmosphèreatmosphère Copernicus (2015), ainsi que les chiffres de la population et de la mortalité obtenus à partir de bases de donnéesbases de données publiques pour chacune des villes étudiées. « Une évaluation comparative des risques a été réalisée afin d'estimer la mortalité qui pourrait être évitée dans le cadre de différents scénarios de réduction des concentrations de polluants associés à chacune des sources d'émissionémission », précisent les auteurs de l'étude.
Qui sont les plus grands responsables de la pollution de l’air ?
La recherche a permis de conclure que les trois facteurs majeurs des décès liés à la pollution de l’air sont les transports, les activités domestiques et le secteur industriel. L'ordre diffère toutefois selon le type de polluant. « Les transports restent le principal responsable du NO2, tandis que les secteurs résidentiel et agricole contribuent de plus en plus aux PM2,5 », indiquent les auteurs du rapport. Pour le NO2, les transports seraient responsables en moyenne de 48,5 % des décès liés à la pollution pour l'ensemble des villes, suivis de l'industrie (15 %) et de l'énergieénergie (14,7 %). Les autres secteurs ayant une contribution considérable sont le logement (10,3 %) et le transport maritime (9,7 %).
Les transports et les activités domestiques en ligne de mire
Concernant les décès liés à l'exposition aux particules fines, les usages domestiques provenant principalement des appareils de cuisson et de chauffage seraient les principaux responsables, avec une contribution moyenne estimée à 22,7 % pour l'ensemble des villes. Viennent ensuite le secteur agricole (18 % en moyenne), l'industrie (13,8 %), les transports (13,5 %), le secteur énergétique (10 %), les biocarburantsbiocarburants (8,8 %) et le transport maritime (5,5 %). « Si l'on considère le NO2 et les PM2,5 combinés, le trafic reste le principal responsable de la mauvaise qualité de l'air et de la mortalité qui y est associée. Cependant, si l'on considère exclusivement la mortalité liée aux PM2,5, on constate une contribution significative du secteur résidentiel et de l'agricultureagriculture », fait remarquer Sasha Khomenko, chercheuse à l'ISGlobal et autrice principale de l'étude.
Comment en sortir ?
Au vu de ces résultats, les auteurs des travaux suggèrent plusieurs pistes pour mettre en place des mesures visant à réduire les émissions. Par exemple en s'attaquant en premier lieu aux émissions liées aux transports, mais aussi en réglementant les émissions issues du secteur industriel et du transport maritime, ainsi qu'en limitant la combustioncombustion de la biomassebiomasse dans les ménages et les émissions provenant de l'agriculture et de l'élevage. Ou encore de mettre en place des groupes de travail à l'échelle des villes, des pays et de l'Union européenne, afin d'aborder la question de manière transverse entre les différents secteurs d'émissions (urbanisme, ingénierie des transports, logement, environnement, santé, éducation, agriculture, entreprises, etc.).
« Les résultats de cette recherche montrent une grande variabilité entre les différentes villes étudiées, ce qui suggère que, étant donné que chacune a ses propres particularités et ses propres sources de pollution atmosphérique, les stratégies visant à améliorer la qualité de l'air devraient être adaptées à chaque contexte local », concluent les chercheurs.