La fumée des incendies de forêts pourrait-elle augmenter le risque de démence plus que toutes les autres formes de pollution atmosphérique ? Une étude américaine d'envergure tente de répondre à cette question de santé publique majeure.


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    Actuellement, la Californie et le Canada sont ravagés par des feux de forêt extrêmes et plusieurs départements français restent en vigilance. Mais, au-delà de leurs conséquences désastreuses sur l'environnement, notamment en matièrematière de pollution de l'air, de l'eau et des sols, les incendies de forêt sont également néfastes pour la santé des populations. L'inhalation de la fumée émise par ces feux, constituée de particules en suspension, de monoxyde de carbone et autres substances chimiques, peut notamment être à l'origine de symptômes respiratoires et cardiovasculaires, comme le rappelait l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) en 2023. Mais la fumée des incendies de forêt pourrait également se révéler néfaste pour la santé cérébrale, comme le suggère une nouvelle étude américaine.

    Un risque accru de démence lié aux feux de forêts

    « Des recherches antérieures ont montré que l'exposition aux particules fines est associée à la démence, mais à la lumièrelumière de notre vaste étude à long terme, il apparaît que le risque d'exposition à la fumée des incendies de forêt est encore plus préoccupant. La pollution atmosphérique produite par les feux de forêt représente désormais plus de 70 % de l'exposition totale aux particules finesparticules fines les jours où la qualité de l'airair est mauvaise en Californie. Il s'agit d'un véritable problème », s'alarme Holly Elser, résidente en neurologieneurologie à l'Hospital of the University of Pennsylvania (HUP) à Philadelphie, et principale auteure de ces recherches, dans un communiqué.

    Présentés dans le cadre de l'Alzheimer's Association International Conference (AAIC), organisée jusqu'au 1er août à Philadelphie, ces travaux menés pendant dix ans (2009-1019) se basent sur l'analyse des dossiers médicaux de plus de 1,2 million d'habitants du sud de la Californie âgés de 60 ans et plus. Pour les besoins de leurs recherches, les auteurs de l'étude ont utilisé des données de surveillance de la qualité de l'air, des images satellitaires et autres techniques destinées à séparer les particules fines issues de feux de forêt de celles générées par d'autres sources comme les voitures ou les usines. Les chercheurs se sont ensuite attachés à évaluer l'exposition de chaque participant à ces sources de particules fines à partir de leur lieu de résidence, puis ont comparé ces données aux diagnosticsdiagnostics éventuels de démence figurant dans les dossiers médicaux.

    La fumée des incendies mise en cause dans le risque de démence. © Shauni, Getty Images
    La fumée des incendies mise en cause dans le risque de démence. © Shauni, Getty Images

    Des résultats alarmants pour la santé des populations

    Le verdict est sans appel puisque l'étude suggère un risque significatif de diagnostic de démence chez les personnes exposées à la fumée des feux de forêt, plus que lorsqu'elles sont exposées aux autres formes de pollution atmosphérique. Plus en détail, ces travaux font état d'une hausse de 21 % du risque de diagnostic de démence pour chaque augmentation d'un microgramme par mètre cube de concentration de particules fines générées par les feux de forêt sur trois ans d'exposition en moyenne. Un taux bien plus élevé que pour les autres sources de particules fines, à savoir un risque accru de diagnostic de démence de 3 % pour chaque hausse de trois microgrammes de concentration de particules fines par mètre cube.

    « Avec l'augmentation de l'incidenceincidence mondiale des incendies de forêt, y compris en Californie et dans l'ouest des États-Unis, l'exposition à ce type de pollution atmosphérique constitue une menace croissante pour la santé du cerveaucerveau, commente Claire Sexton, directrice des programmes scientifiques et de sensibilisation au sein de l'AlzheimerAlzheimer's Association. Et de préciser : ces résultats soulignent l'importance d'adopter des politiques de préventionprévention des incendies de forêt et de rechercher de meilleures méthodes pour y faire face. »

    D'après les chercheurs, les particules fines générées par les feux de forêt pourraient être plus néfastes pour la santé cérébrale en raison de leur plus grande concentration en produits chimiques toxiques, de leur moindre diamètre en comparaison aux autres particules fines, et des températures plus élevées auxquelles elles sont produites. Afin de réduire leur exposition à ces particules, les populations concernées sont conviées à vérifier et changer si nécessaire leurs systèmes de filtrationfiltration de l'air, et de rester à l'intérieur ou de porter un masque adapté en cas de mauvaise qualité de l'air.

    Des études précédentes confirment le danger

    Ce n'est pas la première étude du genre à établir un lien entre fumée de feux de forêt et santé cérébrale. En août 2023, des chercheurs de l'University of New Mexico's Health Sciences ont suggéré que l'inhalation de ces fumées pouvait être responsable d'une inflammationinflammation du cerveau avec un risque accru de troubles neurocognitifs et de l'humeur. Une étude menée par des scientifiques américains a, quant à elle, fait état d'une relation entre exposition aux incendies de forêt et troubles de l'anxiété, une autre des conséquences sanitaires de ces feux de plus en plus fréquents.