La peste noire de 1349 a profondément marqué l'Europe. Selon une récente étude, elle n'aurait étonnamment laissé que peu de traces sur le patrimoine génétique des habitants de Cambridge. Contrairement aux précédentes recherches, les séquelles génétiques de cette épidémie dévastatrice semblent moins marquées que ce que l'on pensait, remettant en question la compréhension de l'impact des grandes pandémies sur l'évolution humaine.
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La peste noire a très sévèrement touché la ville de Cambridge en Angleterre en 1349, provoquant une mortalité massive. La population n'arrivait même plus à enterrer ses morts et les fosses collectives étaient monnaie courante. Une récente étude publiée dans Science Advances révèle de manière étonnante que cet épisode tragique n'aurait pas laissé de marque significative sur le patrimoine génétique des habitants (survivants) de Cambridge. Cette conclusion va à l'encontre d'une étude de 2022, qui avait mis en avant l'enrichissement de certains variants de gènes immunitaires chez les survivants, suggérant un possible effet protecteur.
Épidémies et modifications du génome
La peste bubonique est souvent associée à des modifications durables du génome humain. Historiquement, certaines variantes génétiques ont contribué à la survie face à des infections dans diverses populations. Néanmoins, il est complexe d'attribuer ces changements génétiques à des épidémiesépidémies spécifiques comme la peste noire, car la sélection naturellesélection naturelle opère sur de nombreuses générations et les données génomiquesgénomiques anciennes sont souvent limitées.
Une étude phare de 2022 avait analysé des centaines de génomes anciens, identifiant des modifications dans la fréquence de plus de 200 variants de gènes immunitaires après la peste noire. Ces modifications étaient censées aider les cellules immunitaires à combattre le pathogènepathogène responsable de la peste.
Le génome humain n'aurait finalement pas été modifié de façon significative suite à la peste noire. © Byakkaya, Getty Images
Le cas particulier de Cambridge
Pour explorer cette hypothèse dans d'autres régions, des chercheurs de l'université de Cambridge ont séquencé les génomes de résidents de Cambridge du Moyen Âge et de résidents de Cambridge lors de périodes se situant après le Moyen Âge. Cependant, leur analyse n'a révélé qu'une légère modification dans la fréquence de certains variants, sans signes évidents d'une sélection naturelle liée à la peste noire. Même un variant spécifique, lié à la résistancerésistance contre la peste, n'a montré aucune variation significative.
Par ailleurs, les chercheurs ont souligné des failles potentielles dans l'étude de 2022, remettant en question la validité des associations établies entre les variants génétiques et la peste noire. Malgré cela, certains scientifiques continuent de soutenir l'existence d'une sélection génétique liée à des épidémies passées, tout en admettant que des échantillons de génomes beaucoup plus larges seraient nécessaires pour confirmer ces hypothèses.
En conclusion, bien que des pandémies répétées puissent influencer l'évolution du génome humain, l'impact spécifique d'une seule épidémie, comme la peste noire, sur les modifications génétiques reste sujet à débat. Des recherches approfondies et des données génomiques plus étendues seront nécessaires pour éclaircir ces questions.