Une récente étude de l'université de Londres montre que 92 % des personnes pensent qu'elles respectent mieux le confinement que les autres. Comment expliquer ce phénomène ? Réponse dans cet article.
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Lors de cette pandémie et durant les différentes périodes de confinement ou de couvre-feufeu, vous avez certainement estimé que vous respectiez bien les mesures de restrictions, à quelques exceptions près, mais que « les autres » ne les respectaient pas vraiment. Félicitations ! vous êtes bel et bien un être humain. Les résultats d'une étude conduite par Daisy Fancourt, docteure et professeure agrégée de psychobiologie et d'épidémiologie à l'université de Londres, montrent que 92 % des personnes interrogées pensent mieux respecter ces mesures que les autres. Seulement 6 % pensent se situer dans la moyenne et 2 % seulement assument de les respecter moins bien que les autres.
Le problème de la fréquence de base
Pour rendre compte de ce fait, nul besoin d'aller dans des considérations complexes. Le fait d'être exposé plus largement aux cas de violation des règles suffit à l'expliquer en partie. En effet, les médias sont généralement plus friands de lockdown party à relater que de personnes ne sortant que pour faire leurs courses en respectant les gestes barrières. Or, cela a la fâcheuse conséquence de biaiser la perception que nous avons du fait en question ; autrement dit, cela nous induit en erreur sur le taux de base véritable de la survenue de tels évènements. C'est, par exemple, ce qui peut nous conduire à surestimer les morts par crash d'avion ou encore le risque qu'une attaque terroriste ne survienne.
Les conséquences de cette mauvaise perception
Nous autres, humains, raisonnons à partir d'informations limitées. Généralement, ce sont celles qui sont les plus récentes dans notre cerveau qui nous influencent le plus. Ce phénomène bien connu des psychologues porteporte un nom : l'heuristiqueheuristique de disponibilité. Le problème est que, en jaugeant mal la fréquence des évènements, ils nous paraissent moins problématiques. Dès lors, il est fort possible que nous soyons moins enclins à respecter les règles en vigueur à notre tour. C'est ce que dit en détail OlivierOlivier Klein, professeur de psychologie sociale à l'université de Bruxelles, dans un fil twitter réalisé à l'occasion de la parution de cette étude.
Quelles solutions ?
Nous sommes face à un problème. D'un côté, le journalisme se doit de mettre en exergue les évènements graves de ce monde. De l'autre, il doit nous donner une perception adéquate de la réalité. Mais nous venons d'en avoir un aperçu, ces deux objectifs sont difficilement conciliables. Que faire ? Ne faut-il plus parler des lockdown party, les considérant comme des épiphénomènes statistiques ? Faut-il mettre plus en avant la majorité des personnes qui respectent les mesures barrières ? Si notre volonté est d'engendrer des comportements adéquats pour endiguer la propagation du virus, il semble qu'il faille choisir cette voie.