Les pandémies ne sont pas si rares que ça. En appliquant un modèle probabiliste semblable à celui utilisé pour les catastrophes naturelles, une équipe de scientifiques a cherché à savoir à quelle fréquence les pandémies surviennent en fonction de leur gravité.
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La pandémie que nous vivons actuellement peut nous sembler exceptionnelle, mais les pandémies ne sont en réalité pas si rares que ça. La dernière ne date que de 2009 ; c'était la grippe H1N1 qui avait fait entre 151.700 et 575.400 morts dans le monde. Mais avec près de 4,5 millions de morts à l'heure actuelle, la Covid-19 est la plus grave pandémie depuis la grippe espagnole de 1918, qui avait tué entre 20 et 50 millions de personnes. Des chercheurs de l'université Duke aux États-Unis ont calculé la probabilité qu'un tel événement se reproduise dans les années à venir.
Une épidémie de type Covid-19 tous les 59 ans
Ils ont recensé toutes les pandémies majeures depuis 1.600 ayant tué plus de 10.000 personnes, en excluant les maladies encore endémiquesendémiques comme le Sida ou le paludismepaludisme, ainsi que les maladies après qu'elles sont devenues curables par un vaccinvaccin ou des antibiotiquesantibiotiques. Ils ont ensuite appliqué un modèle probabiliste semblable à celui utilisé pour calculer la fréquence des événements climatiques extrêmes.
D'après le modèle, la probabilité d'une pandémie de type Covid-19, de survenir une année donnée, est de 2 % - ce qui signifie que nous devrions en voir émerger une nouvelle dans les 59 ans à venir. « Attention, cela ne signifie pas que la prochaine pandémie aura lieu dans 59 ans, met en garde Gabriel Katul, coauteur de l'étude parue dans PNAS. Lorsqu'on parle de crue centenaire par exemple, il est possible que plusieurs se produisent dans les 100 ans. »
Une grippe espagnole tous les 400 ans
Pour une pandémie de type grippe espagnole, la probabilité est estimée entre 0,3 % et 1,9 % pour une année donnée, soit une pandémie tous les 400 ans. Mais cette estimation pourrait être encore trop optimiste, avancent les auteurs. En effet, le modèle montre que l'émergenceémergence ou la réémergence d'épidémiesépidémies a tendance à s'accroître sur les dernières décennies. En prenant en compte cette accélération, la probabilité est multipliée par trois, soit une pandémie de type grippe espagnole tous les 127 ans.
Il peut sembler curieux d'observer une telle accélération alors que nous avons fait des progrès considérables en matièrematière de préventionprévention des maladies, de surveillance épidémique et d'hygiène. Parmi les explications possibles, les chercheurs citent pêle-mêle la dégradation de l'environnement, les contacts plus fréquents entre les humains et les animaux qui peuvent être porteurs de germesgermes, le déficit d'infrastructures de santé dans certains pays ou le manque de coopération entre États.
L’humanité rayée de la planète par un virus ? C’est possible… d’ici 12.000 ans
« Le message basique de notre étude est que la survenue d'une prochaine pandémie dans les années à venir est très probable, argue William Pan, professeur associé en santé et environnement à l'université de Duke. Il est donc essentiel de développer des moyens de les surveiller et de les contrôler lorsqu'elles surviennent. » Il faut aussi apprendre quelles mesures d'intervention sont utiles ou non, comme le port du masque généralisé ou les confinements.
Se pourrait-il qu'une pandémie gravissime raye carrément l'humanité de la planète ? La question n'a pas été abordée dans l'article, mais les chercheurs ont tout de même appliqué leur modèle à cette hypothèse. Résultat : une pandémie qui éliminerait tous les humains pourrait intervenir dans les 12.000 ans qui viennent. D'ici-là, nous aurons peut-être déjà été décimés par une superéruption volcanique, un astéroïdeastéroïde ou le réchauffement climatiqueréchauffement climatique.