Enfin, une bonne nouvelle : les corticostéroïdes confirment, dans une méta-analyse récente, leur efficacité pour traiter les formes graves de Covid-19.
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D'un point de vue biologique, cela paraissait logique. C'est l'inflammation incontrôlable du système immunitaire qui tue les patients atteints de formes graves du Covid-19. Leur administrer des anti-inflammatoires puissants, comme les corticostéroïdescorticostéroïdes, tombait sous le sens. Mais alors, pourquoi a-t-on pris le temps de faire des essais cliniques ? Nous en avons déjà parlé dans un précédent article, mais ce genre de rappel ne fait pas de mal. Rappelons brièvement pourquoi l'on fait des essais cliniques avant de parler de cette récente étude.
Pourquoi fait-on des essais cliniques ?
La réalité est complexe. Il faut déjà bien intégrer cela. Et la science est loin d'avoir les réponses à toutes nos questions. Ce sont ces deux raisons qui font que, même si quelque chose nous semble éminemment logique, on ne doit pas céder à l'illusion « Covera » (« Ce que l'on voit et rien d'autre », biais cognitif illustré dans l'ouvrage Système 1 système 2 : les deux vitessesvitesses de la pensée, de Daniel Kahneman).
En effet, l'histoire de la médecine regorge d'exemples où une pensée mécaniste et purement rationnelle, dépourvue d'empirisme, à l'instar de la pensée cartésienne, a tué des patients. Désormais, avoir un mécanisme d'action biologique pour un médicament, c'est bien. C'est même le point de départpoint de départ pour lancer des expériences. Mais, étant donné l'immensité des variables, des tests empiriques contrôlés, comme les essais cliniques randomisés, sont absolument nécessaires pour réellement apprécier les bénéfices et les risques d'un traitement. Voilà pourquoi nous faisons des essais cliniques car nous savons que nous sommes (et quand je dis « nous », je parle aussi des experts) avant tout, des ignorants.
Corticostéroïdes : 34 % de mortalité en moins
L'objectif de cette méta-analyseméta-analyse publiée dans le Journal of American Medicine Association (JAMA) était de répondre à la question suivante : l'administration de corticostéroïdes est-elle associée à une réduction de la mortalité à 28 jours chez les patients gravement malades atteints de la Covid-19 ? Pour répondre à cette interrogation, l'équipe React de l'Organisation mondiale de la SantéOrganisation mondiale de la Santé (OMS) a compilé 7 essais randomisésessais randomisés incluant 1.703 patients. Les essais furent conduits du 26 février au 9 juin 2020 dans 12 pays différents. Les patients ont reçu au hasard de la dexamethasone, de l'hydrocortisone, du methylprednisolone ou un placeboplacebo.
Dans l'analyse globale, la prise de corticostéroides diminue significativement le risque de mortalité de 34 % (intervalle de confiance de -47 à -28 %). Prises isolément par médicaments respectifs, les études donnent des résultats mitigés dont certains sont non significatifs. Concernant les effets secondaires, ils étaient également plus nombreux dans le groupe placebo que dans le groupe traitement.
Dans un communiqué, l'Institut national de la Science et de la Recherche médicale (Inserm), plusieurs chercheurs français ayant dû arrêté prématurément leur essai clinique à la suite des résultats de Recovery (pour raison d'éthique médicale, le traitement ayant montré un bénéfice, il devient préjudiciable de laisser des patients recevoir uniquement les soins standard et un placebo), s'exprime à propos de ces résultats en qualifiant cela « d'étape thérapeutique importante franchie » ou encore de « tournant dans la lutte contre la pandémiepandémie ».