Plus de céréales, de sucre et d’huiles végétales, diminution de viande dans les pays développés… L’alimentation mondiale devrait connaître des évolutions notables ces 10 prochaines années, estime la FAO. Des tendances très disparates selon les pays et parfois surprenantes, dont nous avons ici tiré quelques extraits.
au sommaire
Au cours de la prochaine décennie, la population mondiale passera de 7,5 milliards à 8,4 milliards de personnes. Cette croissance démographique sera la principal facteur de l'augmentation de la production agricole mondiale, estime l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agricultureagriculture (la FAO) dans son dernier rapport Perspectives agricoles 2019‐2028. Mais ce n'est pas le seul : l'évolution rapide des modes de vie et l'urbanisation influent aussi fortement la demande. Dans les pays émergentsémergents, l'augmentation du niveau de vie aboutit ainsi à une plus grande consommation de produits transformés. Alors que la consommation de produits alimentaires de base (céréalescéréales, racines et tuberculestubercules, légumineuses) devrait globalement se stabiliser, celle de viande va augmenter de 40 millions de tonnes d'ici 2028, celle de poissonpoisson de 25 millions de tonnes et celle de produits laitiers de 20 millions de tonnes.
Haro sur le sucre
Le sucre devrait voir sa consommation atteindre 24,2 kgkg par habitant et par an, soit une progression de 2,5 kg en dix ans, en raison notamment d'une demande accrue de produits transformés, confiseries et boissons sucrées. L'Inde, la Chine, l'Indonésie et le Pakistan, où la demande est encore relativement modérée, seront les principaux contributeurs de cette croissance. Dans les pays développés, en revanche, on tente à tout prix de limiter la consommation de sucre, responsable d'une véritable épidémie d'obésité. Au Mexique par exemple où 70 % de la population est en surpoidssurpoids, une taxe de 10 % sur les produits sucrés a été instaurée en 2014. En France, la taxe soda entrée en vigueur le 1er juillet 2018, a eu « un impact majeur » sur la quantité de sucre dans les boissons, selon le gouvernement qui estime que cette taxe a poussé les fabricants à revoir leur recette. Plus étonnant, la demande de sucre continue à progresser en Russie en raison de... la consommation de rhum et de vodka.
Viande : vache qui rit et vache qui pleure
Les pays en développement, notamment en Asie du Sud-Est, montrent un engouement croissant pour la viande. Chaque Chinois devrait ainsi engloutir 5 kg de viande supplémentaire par an d'ici 2025. À l'inverse, les pays développés sont, quant à eux, de plus en plus réticents pour des raisons de santé et d'éthiques concernant le bien-être animal. En France, la consommation de viande a ainsi diminué de 12 % en 10 ans, d'après une étude du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc). La viande reste malgré tout une denrée pour catégories socialement aisées : en Afrique subsaharienne, les habitants devraient diminuer leur consommation de 0,6 kg d'ici à 2028, « les revenus n'augmentant pas suffisamment pour que les produits carnés deviennent accessibles à l'ensemble de la population », note la FAO. Les États-Unis devraient de leur côté rester champions du monde, avec une consommation qui dépassera la barre de 100 kg par an et par habitant en 2028.
L’huile végétale concurrencée par le beurre
Les huiles végétales, dont la consommation est favorisée par le recours accru aux produits transformés, vont connaître une demande croissante, passant de 136,3 millions de tonnes en 2018 à 164,8 millions de tonnes en 2028, d'après la FAO (+21 %). Là encore, ce sont les pays asiatiques et africains qui vont tirer la hausse, notamment l'Ethiopie (+5,34 %), l'Inde (+3 %) ou la Thaïlande (+2,9 %). Plus étonnant, les préoccupations en matièrematière de santé favorisent une substitution des huiles végétales par le beurre dans les pays développés. Ajoutez à cela les campagnes contre l’huile de palme, et vous obtenez un recul de la consommation de 0,43 % en Europe dans les 10 prochaines années. Le beurre va à l'inverse voir sa consommation augmenter de 200 grammes par habitant et par an en Europe, et de 700 grammes au Canada.
Toutes ces tendances devraient conduire à une augmentation de la production agricole mondiale de 15 % sur ces 10 prochaines années, prévoit la FAO. Heureusement, cela ne se fera pas au prix d'un grignotage des espaces naturels, espère l'organisation. « Une plus grande intensité de la production grâce notamment aux innovations technologiques permettra d'augmenter la production avec une utilisation relativement stable des terres agricoles ». Ce qui n'empêche pas, hélas, la progression alarmante de la déforestation dans de nombreuses régions du monde.
Ce qu’il faut
retenir
- La consommation mondiale de denrées alimentaires devrait fortement augmenter ces prochaines années en raison de la croissance démographique.
- Les pays émergents tireront la demande en viande, sucre et produits transformés.
- À l’inverse, les pays développés voient leur demande pour ces produits stagner en raison des préoccupations en matière de santé.