Selon une nouvelle étude, la dépense métabolique de base est 10 % plus élevée en fin d’après-midi que le matin. Une preuve de plus de l’impact de la chronobiologie sur les processus physiologiques.

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    La plupart des processus physiologiques de notre corps suivent un rythme circadienrythme circadien inné, généré par une sorte « d'horloge moléculaire » indépendante de notre emploi du temps quotidien et de notre vie sociale. On sait, par exemple, que le corps sécrète de la mélatonine en fin de journée, ce qui favorise l'endormissement. De nombreuses études ont mis en évidence qu'une prise de nourriture à un moment inapproprié entraîne un dérèglement de ce rythme naturel et favorise ainsi la survenue de l'obésité et la résistance à l'insuline, donc le diabète. Manger durant la période de sommeil entraîne ainsi une prise de poids supérieure à celle que l'on aurait constatée si la même quantité de nourriture avait été ingérée durant la journée. 

    Le métabolisme de base au repos (REE), qui correspond aux dépenses de l’organisme pour assurer les fonctions vitales, est 10 % plus élevé au pic du cycle (vers 17 h), au point noté 180°, qu’à la fin de la nuit (point noté 0°). © Kirsi-Marja Zitting et al., Current Biology, 2018

    Le métabolisme de base au repos (REE), qui correspond aux dépenses de l’organisme pour assurer les fonctions vitales, est 10 % plus élevé au pic du cycle (vers 17 h), au point noté 180°, qu’à la fin de la nuit (point noté 0°). © Kirsi-Marja Zitting et al., Current Biology, 2018

    Une nouvelle étude, parue le 8 novembre dans la revue Current Biology, vient appuyer ces résultats. Les chercheurs ont étudié les modifications du métabolismemétabolisme de base, qui correspond à l'énergieénergie dépensée par le corps pour assurer les fonctions vitales (respiration, cerveaucerveau, régulation de la température interne...), soit 60 % à 70 % des dépenses caloriques totales. Un groupe de sept patients a été soumis pendant 37 jours à une « désynchronisation » dans une chambre dépourvue de fenêtresfenêtres et sans aucun indice temporel. Après une semaine de rythme régulier, les horaires de coucher et de lever ont été retardés de quatre heures chaque jour, afin de mesurer la dépense métabolique indépendamment de l'activité et du cycle jour-nuit. Un groupe témoin a, lui, continué à suivre des horaires normaux.

    10 % de calories en plus brûlées en fin de journée à prise alimentaire équivalente

    Dans les deux cas, les chercheurs ont mis en évidence un cycle biologique avec un point bas, autour de 5 h du matin, où la température du corps et la dépense calorique sont les plus faibles, et un point haut, exactement 12 heures après autour de 5 h de l'après-midi, où le corps brûle le maximum d'énergie. Entre les deux, le métabolisme de base varie de 10 %, soit 130 caloriescalories. De même, le quotient respiratoire (QR), reflétant l'oxydationoxydation des glucidesglucides et des lipideslipides, connaît lui aussi un pic le matin et un plus bas le soir. Schématiquement, un quotient respiratoire bas correspond à une plus grande oxydationgrande oxydation des lipides, donc à un moindre stockage des graisses. Cela rejoint donc le fait que le métabolisme de base est plus élevé le soir.

    La chrononutrition, recette miracle pour perdre du poids ?  © Adiano, Fotolia

    La chrononutrition, recette miracle pour perdre du poids ?  © Adiano, Fotolia

    Calquer ses prises alimentaires sur son horloge biologique interne

    Attention, ces horaires ne correspondent pas à ceux de votre montre mais à ceux de votre rythme circadien interne, précise Jeanne Duffy, coauteur de l'article. Impossible d'en conclure non plus que l'on peut plus facilement éliminer le paquetpaquet de gâteaux en fin d'après-midi. En revanche, toute perturbation du cycle peut conduire à une prise de poids. « Imaginez que vous vous leviez deux heures plus tôt pour manger votre petit déjeuner », illustre Jeanne Duffy dans une interview au magazine Time. « Cela va correspondre au moment du cycle où le corps utilise le moins d'énergie et en mangeant exactement la même chose que d'habitude, vous allez stocker plus de calories. » Selon la chercheuse, l'important est d'ajuster ses prises alimentaires sur son horloge biologiquehorloge biologique naturelle.

    La chronobiologie est un domaine de plus en plus exploré par la science, qui a d'ailleurs valu un prix Nobel à trois généticiensgénéticiens américains en 2017. On sait par exemple que certains médicaments sont plus efficaces à certains moments, ou que les performances sportives individuelles peuvent varier de 26 % au cours de la journée. Néanmoins, malgré les nombreux livres vantant les régimes basés sur la chrono-alimentation, « leur efficacité et leur supériorité par rapport à d'autres types de régimes n'ont pas été démontrées par des études scientifiques », souligne l'Inserm.