Une série d'études publiées dans le journal médical The Lancet par des chercheurs, chargés de mission par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), pointent les conséquences accablantes et terribles de la malnutrition dans le monde.


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    L'avènement des aliments ultratransformés, saturés en calories vides et dépourvus de nutriments essentielsnutriments essentiels, est la cause de l'émergenceémergence dans certains pays pauvres, et dans une moindre mesure dans des pays développés, de l'existence simultanée, dans une même famille ou chez un même individu, d'un retard de croissance habituellement causé par une sous-alimentation et une obésité sévère qui est habituellement le fruit d'une sur-alimentation. Ce phénomène se constate lorsque l'alimentation est trop riche en calories et vide de composés nécessaires comme les acides aminés et acides gras essentiels, les vitamines, les minérauxminéraux, ou encore les oligo-élémentsoligo-éléments. Les études sont publiées dans le journal The Lancet.

    Une coexistence dévastatrice 

    Dans plus d'un tiers des pays pauvres, principalement localisés en Afrique subsaharienne, Asie du Sud et de l'Est, de nouvelles formes de malnutrition sont apparues ces dernières décennies. Si la faim dans le monde a toujours été un problème majeur dans ces régions, on assiste désormais, grâce à l'avènement des fast-foods et de l'alimentation hyper industrialisée, à la combinaison d'une surcharge pondérale et d'un retard de croissance. Si une seule de ces affections pose déjà de sérieux soucis pour la santé, parfois graves, lorsqu'elles agissent en synergiesynergie, c'est une catastrophe. Ces deux problèmes de santé publique font des dégâts sur plusieurs générations. On peut donc imaginer que les progénitures des personnes atteintes de ces nouvelles formes de malnutrition se retrouvent avec des problèmes de santé exacerbés.

    Les systèmes alimentaires en cause 

    Le temps des pays pauvres sous-alimentés et des pays riches suralimentés est révolu. On pourrait croire que c'est une bonne chose. Eh bien pas vraiment. Selon le directeur du département Nutrition pour la santé et le développement de l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé, « Toutes les formes de malnutrition ont un dénominateur commun, à savoir des systèmes alimentaires qui ne fournissent pas aux personnes une alimentation saine, sûre, durable et à un prix abordable. Pour changer les choses, il faudra prendre des mesures à divers niveaux des systèmes alimentaires - de la production et du traitement à la consommation et au gaspillage, en passant par la vente, la distribution, la définition des prix, le marketing et l'étiquetage. Toutes les politiques et tous les investissements en la matièrematière devront être radicalement réexaminés. ». Il faut donc repenser l'ensemble du fonctionnement de nos systèmes alimentaires. Le défi à relever n'est pas d'éradiquer la faim dans le monde, mais bien de supprimer la malnutrition, sous toutes ces formes. 

    Comment lutter ? 

    Le dénominateur commun de ces nouvelles formes de malnutrition est la profonde modification de l'approvisionnement alimentaire. Il faut garantir l'accès à une nourriture saine et variée via nos systèmes alimentaires du futur et limiter celui à la nourriture industrielle ultratransformée. Les marchés se font rares et les supermarchés se multiplient, ce qui n'est pas une fatalité. Certaines enseignes basent leur commerce sur les produits frais et on se doit, si l'on souhaite bien manger, de favoriser ces chaînes-là au profit des autres. Sans cela, le double fardeau de la malnutrition (sous-alimentation et surpoidssurpoids) chez les femmes enceintes, puis chez les enfants en bas âge et chez l'enfant exacerbe des problèmes de santé facilement évitables avec une alimentation de qualité à tous les stades de la vie. Encore faut-il qu'elle soit disponible et économiquement accessible. 

    Selon l'OMS, « Il peut s'agir par exemple de l'amélioration des soins prénatals et des pratiques d'allaitement maternelallaitement maternel, de l'aide sociale ou de nouvelles politiques pour les systèmes agricoles et alimentaires dont le principal objectif est l'alimentation saine. » Le problème est systémique et donc tous les acteurs doivent mettre la main à la pâte, des gouvernements à la société civile en passant par les universitaires, les médias, les donateurs ou encore le secteur privé. Le docteur Branca conclut alors qu'« étant donné l'économie politique des aliments, la marchandisation des systèmes alimentaires et la croissance des inégalités dans le monde, une communauté élargie d'acteurs sera nécessaire pour faire face à la nouvelle réalité en matière de nutrition. Ces acteurs doivent œuvrer de façon interconnectée à l'échelle mondiale et se renforcer mutuellement. Sans une profonde transformation des systèmes alimentaires, les coûts économiques, sociaux et environnementaux de l'inaction empêcheront la croissance et le développement des personnes et des sociétés pendant des décennies ».