Pourra-t-on nourrir neuf milliards d’êtres humains en 2050 ? Une nouvelle étude vient revoir à la hausse les estimations des besoins alimentaires. Car si la population augmente, les individus deviennent aussi plus grands… et plus gros.


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    À l'horizon 2050, la population mondiale atteindra les 9,7 milliards d’habitants, soit une augmentation de 34 % par rapport à aujourd'hui, selon l'ONU. « Pour satisfaire la demande, l'agricultureagriculture en 2050 devra produire presque 50 % de plus d'aliments pour humains et pour animaux qu'en 2012 », prévoit de son côté la  FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations), l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (dont le sigle français est OAA). Elle reste toutefois optimiste quant à la possibilité de nourrir l'ensemble des habitants de la planète, grâce à « l'intensification de l'utilisation des terres et de l'eau et de l'évolution des rendements ». Mais ce que sous-estiment peut-être les prévisions, ce sont les changements morphologiques des individus au cours du temps. C'est du moins la thèse défendue par une nouvelle étude de trois chercheurs du Norwegian University of Science and Technology (NTNU).

    Entre 1975 et 2014, le poids moyen des individus s’est accru de 14 % en moyenne et ses besoins énergétiques ont augmenté de 15 %. © Céline Deluzarche, Futura, d’après <em>Felipe Vásquez et all., Sustainability 2018</em>
    Entre 1975 et 2014, le poids moyen des individus s’est accru de 14 % en moyenne et ses besoins énergétiques ont augmenté de 15 %. © Céline Deluzarche, Futura, d’après Felipe Vásquez et all., Sustainability 2018

    Felipe Vásquez, Gibran Vita et Daniel B. Müller ont analysé les besoins alimentaires dans 186 pays entre 1975 et 2014. Au total, ces derniers ont augmenté de 129 % durant cette période. La majeure partie de cette hausse (116 %) s'explique, bien entendu, par la croissance de la population. Mais il reste 13 % de l'augmentation qui résulte des changements morphologiques et démographiques. En 2014, un adulte était ainsi 14 % plus lourd, 1,3 % plus grand et 6,2 % plus âgé que 30 ans auparavant. Les deux premiers facteurs ont contribué à un accroissement des besoins (+15 %), le troisième à une diminution (-2 %). Un adulte consommait ainsi 2615 calories en moyenne en 2014, contre 2465 calories en 1975.

    L’équivalent de quatre France à nourrir en plus

    Cet écart de 150 calories peut sembler faible, mais il représente l'équivalent de 286 millions de personnes supplémentaires à nourrir. Autrement dit, c'est comme si la population mondiale s'était accrue de 286 millions de plus que prévu. Or, « la plupart des calculs pour estimer la production alimentaire nécessaire pour nourrir la population sont faits à besoin individuel constant et similaire à l'intérieur de chaque pays, ce qui n'est pas le cas », note Gibran Vita.

    En 30 ans, le poids moyen des Ghanéens s’est accru de 31,1 % et les besoins énergétiques des Cap-Verdiens ou des Qataris se sont accrus de plus de 15 %. © <em>Felipe Vásquez et all., Sustainability 2018</em>
    En 30 ans, le poids moyen des Ghanéens s’est accru de 31,1 % et les besoins énergétiques des Cap-Verdiens ou des Qataris se sont accrus de plus de 15 %. © Felipe Vásquez et all., Sustainability 2018

    L'étude constate également d'importants écarts entre les différents pays. En 2014, un habitant des îles Tonga consomme ainsi 3.211 calories par jour, contre 2.322 calories pour un Vietnamien. La plus forte augmentation s'observe en Oman, où les besoins alimentaires se sont accrus de 16 % en l'espace de 30 ans, contre 0,9 % au Japon. La France se situe dans les 10 pays dont les besoins se sont le moins accrus, avec une hausse de seulement 3,6 % en 30 ans. En dépit d'une augmentation de poids de ses habitants (+9,8 %), elle bénéficie d'une population plus âgée donc qui consomme moins de calories.

    Les défis de l’alimentation mondiale

    En 2012, une précédente étude avait montré que l'accroissement de l'obésité dans le monde allait représenter l'équivalent de 500 millions de personnes en plus à nourrir en 2050. D'autres recherches se sont penchées sur l'influence d'une activité physiquephysique plus importante au niveau des individus ou sur le gaspillage aux différents niveaux de la chaîne alimentairechaîne alimentaire. Quid aussi du réchauffement climatiqueréchauffement climatique, susceptible d'affecter les ressources disponibles, des progrès technologiques de l'agriculture ou de la consommation de plus en plus élevée de viande dans les pays en développement ? Estimer les besoins en nourriture est de toute façon une tâche quasi impossible, de multiples facteurs entrant en jeu. La certitude est qu'ils vont s'accroître fortement, et qu'il sera nécessaire de trouver des solutions technologiques, économiques et biologiques pour y répondre sans altérer le peu d'espaces sauvages restant sur Terre.