Les voies de la mémoire sont impénétrables – ou du moins l'étaient – jusqu'à la publication, en mai dernier, d'un article qui pourrait changer la donne en montrant le rôle insoupçonné de la dopamine dans le processus de fabrication des souvenirs.


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    Vous vous souvenez précisément de la première fois que vous avez visité un zoo, mais impossible de vous rappeler la date de l'indépendance des États-Unis ? C'est normal : votre cerveau a des limites de stockage et sélectionne donc minutieusement les informations à garder, et celles à évacuer... Une sélection dont les tenants et aboutissants étaient jusqu'à présent mal compris, mais qu'un article paru dans la revue Nature Communications pourrait éclairer. Au programme : le rôle insoupçonné des neurones dopaminergiques dans le fonctionnement de notre mémoire et de notre apprentissage.

    La dopamine est un neurotransmetteur qui joue un rôle crucial dans le contrôle des mouvementsmouvements, dans la récompense et la motivation, ainsi que dans la régulation de l'humeur. Elle est libérée en réponse à des expériences agréables et également impliquée dans la régulation de certaines fonctions physiologiques comme, par exemple, la pression artérielle. Des neuroscientifiques de l'université Toulouse III - Paul Sabatier et du CNRS ont étudié comment la « moléculemolécule du plaisir » aide à renforcer les connexions entre les neurones dans l'hippocampehippocampe, partie du cerveau essentielle pour la mémoire.

    La dopamine peut renforcer et initier des processus de mémorisation !

    Pour cela, ils ont activé, chez des souris, les neurones dopaminergiques dans une région du cerveau appelée l'aire tegmentale ventrale (VTA). Ce faisant, ils ont observé que cette activation aidait à renforcer les synapses - les connexions entre les neurones de l'hippocampe lors d'un processus important pour la mémoire appelé « potentialisation à long terme » (LTP) par lequel la communication entre deux neurones devient plus efficace après une période de stimulationstimulation répétée. Cela aidait également les souris à mieux apprendre et se souvenir de nouveaux environnements

    À l'inverse, inhiber ces neurones freinait cet apprentissage, ce qui renforce l'idée que la dopamine est essentielle non seulement pour maintenir la mémoire mais aussi pour l'acquisition de nouvelles informations et de nouveaux souvenirs !

    Traditionnellement, on pensait que la dopamine aidait surtout à maintenir la LTP après qu'elle a été initiée par d'autres mécanismes. Cette étude montre que la dopamine ne fait pas que la maintenir, elle peut aussi l'initier. C'est un changement significatif dans notre compréhension de la dopamine, montrant qu'elle joue un rôle plus actif dès le début du processus de renforcement des connexions neuronales.

    Le circuit de la récompense. © Le Blob

    Mais quid du processus de sélection ? Comment le cerveau détermine-t-il si un événement vaut la peine d'être mémorisé ? Lorsque la dopamine est libérée en réponse à une expérience plaisante, elle renforce les connexions synaptiques impliquées, facilitant la mémorisation de l'expérience. Elle aide également à surveiller et à évaluer la pertinence des informations entrantes. Les informations jugées pertinentes (en raison de leur importance émotionnelle, de leur nouveauté ou de leur valeur de récompense) reçoivent une priorité de traitement.

    Outre son éclairage sur les mécanismes sous-jacents de notre mémorisation, cet article pourrait ouvrir la voie à de nouvelles approches thérapeutiques pour les troubles de la mémoire et de l'apprentissage et des pathologiespathologies comme la maladie d'Alzheimer.