L'amanite phalloïde est responsable de nombreuses intoxications chaque année, certaines mortelles. Aucun traitement spécifique n'est disponible, mais des chercheurs chinois pensent avoir trouvé un remède qui pourrait stopper l'action délétère de la toxine contenue dans les amanites. 

Comme le suggère son surnom de calice de la mort, l'amanite phalloïde est un champignon particulièrement toxique. Entre 2010 et 2017, plus de 10 000 cas d'intoxication dus à la consommation accidentelle de champignons sauvages ont été répertoriés en France, dont 22 mortels. La moitié de ces décès ont été provoqués par un syndrome phalloïdien, des symptômes violents qui apparaissent quelques heures après avoir mangé des amanites phalloïdes. Des chercheurs chinois de l'université Sun Yat-sen de Ghangzhou ont trouvé un remède contre ces intoxications qui ont fait plus de 700 morts en Chine entre 2010 et 2020.

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Les amanites phalloïdes sont responsables de nombreuses intoxications chaque année, dont certaines mortelles. Ne jamais consommer un champignon sauvage sans être sûr de son espèce. © Jolanda, Adobe Stock
Les amanites phalloïdes sont responsables de nombreuses intoxications chaque année, dont certaines mortelles. Ne jamais consommer un champignon sauvage sans être sûr de son espèce. © Jolanda, Adobe Stock

Un colorant médical qui bloque une toxine

C'est l'α-amanitine qui est toxique pour le corps humain, ce petit peptide fait partie des nombreuses toxines synthétisées par les champignons de la famille des Amanitae. Les mécanismes biologiques toxiques déclenchés par la consommation d'α-amanitine ne sont pas totalement élucidés ; les médecins utilisent alors des médicaments non spécifiques pour soigner les symptômes du syndrome phalloïdien : vomissement, diarrhée, douleurs abdominales, cytolyse hépatique et insuffisance rénale

Grâce à une technique de criblage utilisant la technologie CRISPR-Cas, les scientifiques chinois ont identifié que la molécule STT3B est un chaînon important de la cascade de réaction toxique initiée par l'α-amanitine. Or il existe un inhibiteur connu de STT3B, le vert d'indocyanine qui sert de colorant pour différents examens médicaux. Selon les scientifiques de Ghangzhou, il pourrait être utilisé comme un traitement spécifique contre les intoxications dues à l'amanite phalloïde.

Des tests in vitro et in vivo sur des souris tendent à montrer que le vert d'indocyanine bloque bien l'effet toxique de l'α-amanitine quand il est injecté quatre heures après la consommation du champignon toxique. Administré plus tard (huit heures post-intoxication), le vert d'indocyanine perd ses propriétés curatives. Le vert d'indocyanine est autorisé par la FDA, mais pas pour traiter les intoxications dues aux champignons, il faudra attendre d'autres études pour que cette utilisation soit validée.