L'UFC-Que Choisir révèle une information stupéfiante : la majorité des médicaments à base de paracétamol et d'ibuprofène resteraient efficaces bien au-delà de leur date de péremption. Cette découverte soulève des questions sur les pratiques de l'industrie pharmaceutique. Gaspillage économique ou précaution excessive ? Plongée au cœur d'une polémique qui pourrait bouleverser notre rapport aux médicaments.
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Dans un contexte marqué par des pénuries récurrentes de médicaments essentiels, l'UFC-Que Choisir vient de lâcher une véritable bombe. Une étude menée par l'association de consommateurs révèle que la plupart des médicaments contenant du paracétamol ou de l'ibuprofène conserveraient leur efficacité jusqu'à 30 ans après leur date de péremption officielle. Cette découverte remet en question les pratiques actuelles de l'industrie pharmaceutique et soulève des interrogations sur la pertinence des normes en vigueur.
La longévité insoupçonnée des médicaments courants
L'UFC-Que Choisir a réalisé une analyse approfondie de 30 boîtes de médicaments considérés comme périmés. Les résultats sont stupéfiants : 80 % des échantillons testés contenaient encore suffisamment de substance activesubstance active pour être jugés efficaces, et ce même plusieurs décennies après leur date d'expiration supposée. Un exemple frappant : un comprimé de paracétamol datant de 1992 présentait encore 100 % de sa substance active.
Cette découverte soulève de sérieuses questions sur la fixation des dates de péremption. En 2021, la Fondation pour la recherche médicale avait déjà pointé du doigt le caractère empirique de cette pratique. Généralement, les fabricants fixent une date entre trois et cinq ans après la production, souvent par excès de prudence.
Voici un tableau résumant les principaux résultats de l'étude :
Type de médicament | DuréeDurée moyenne | % d'efficacité conservée |
Paracétamol | 15 ans | 95 % |
Ibuprofène | 12 ans | 92 % |
Des normes de péremption trop strictes ?
La révélation de l'UFC-Que Choisir met en lumièrelumière les différences de normes entre pays. Aux États-Unis, la FDA (Food and Drug AdministrationFood and Drug Administration) considère qu'un médicament reste efficace tant qu'il contient au moins 90 % de sa substance active. En France, l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) est plus exigeante, fixant ce seuil à 95 %.
Malgré cette norme plus stricte, la majorité des médicaments testés par l'UFC-Que Choisir dépassaient largement ce seuil. Cette constatation soulève une question cruciale : pourquoi les laboratoires fixent-ils des dates de péremption aussi courtes alors que les médicaments restent viables bien plus longtemps ?
Les conséquences de cette pratique sont multiples :
- gaspillage économique pour le système de santé ;
- augmentation inutile des déchetsdéchets médicamenteux ;
- risque d'aggravation des pénuries de médicaments.
L'industrie pharmaceutique sur la sellette
Face à ces révélations, l'UFC-Que Choisir n'hésite pas à pointer du doigt une possible stratégie des laboratoires pharmaceutiques. En effet, rien n'oblige ces derniers à prolonger la date de péremption de leurs produits, même s'ils ont connaissance de leur efficacité prolongée. Cette situation soulève des interrogations sur les motivations économiques qui pourraient primer sur les considérations scientifiques.
Il est capital de noter que ces conclusions ne s'appliquent pas à tous les types de médicaments. Certains, comme les antibiotiques de la famille des tétracyclinestétracyclines, peuvent effectivement devenir dangereux après leur date de péremption. L'ANSM rappelle d'ailleurs régulièrement que les médicaments périmés peuvent perdre en efficacité, voire présenter des risques pour la santé.
Vers une révolution des pratiques ?
L'étude de l'UFC-Que Choisir pourrait bien marquer un tournant dans notre approche des médicaments. L'association appelle l'ANSM à revoir ses pratiques et à éviter ce qui semble être un gaspillage injustifié. La question est maintenant de savoir si les autorités sanitaires prendront des mesures pour aligner les dates de péremption sur la réalité scientifique plutôt que sur des précautions excessives.
Cette polémique soulève également des enjeux environnementaux. Selon l'UFC-Que Choisir, 40 % des Français ne rapportent pas leurs médicaments périmés ou inutilisés en pharmacie. Une meilleure gestion des dates de péremption pourrait donc avoir un impact positif sur la réduction des déchets médicamenteux.
La balle est désormais dans le camp des autorités sanitaires et de l'industrie pharmaceutique. Sauront-elles adapter leurs pratiques pour concilier sécurité des patients, efficacité économique et respect de l'environnement ?