Les recommandations des sociétés savantes sont contradictoires. Faut-il, oui ou non, utiliser de l’aspirine dans le cadre d’une stratégie de prévention des risques d’événements cardiovasculaires ? Une étude européenne récemment publiée, montre que la balance bénéfice-risque est à reconsidérer.
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Connue pour soulager douleurs, fièvre et rhumatismes, l'aspirine - ou acideacide acétylsalicylique - est un médicament largement prescrit en France (avec 1.500 tonnes consommées chaque année). Au-delà de ses propriétés antalgiques, l'aspirine présente des caractéristiques bloquant la formation de caillots et, à ce titre, est recommandée dans le cadre des stratégies de préventionprévention primaire (diminution de l'apparition de nouveaux cas) et secondaire (afin d'éviter l'évolution de la maladie) des événements cardiovasculaires auprès des populations à risque (voir les recommandations de bonne pratique de la Haute Autorité de santé).
Quels sont les effets de l’aspirine ?
L'aspirine appartient au groupe des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Elle inhibe la synthèse des enzymesenzymes permettant la production des prostaglandines : cytokines impliquées dans les processus de réaction inflammatoire. Elle inhibe également l'agrégation plaquettaire en bloquant la formation du thromboxane (vasoconstricteur et responsable de la formation du thrombusthrombus). C'est ce dernier point qui la rend attractive en matièrematière de prévention cardiovasculaire. Cependant, elle présente des effets secondaires non négligeables et peut générer des complications hémorragiques intra ou extra-crâniennes et différentes atteintes digestives.
Des recommandations contradictoires
Même s'il est bien établi que l'aspirine présente des bénéfices pour des patients ayant déjà eu des maladies cardiovasculaires, les avantages de son utilisation en prévention primaire sont de plus en plus discutés. En octobre 2021, un groupe d’experts américains s'est prononcé contre son utilisation chez les personnes de plus de 60 ans du fait des risques de saignements. De plus, les positions contradictoires de la communauté scientifique internationale génèrent une incertitude.
Une étude publiée récemment dans une revue de la société européenne de cardiologie apporte un éclairage supplémentaire. Les chercheurs évaluent le rôle de l'utilisation de l'aspirine sur l'incidenceincidence des événements cardiaques chez des patients à risque. En utilisant la base de donnéesbase de données Homage (soit 45.000 participants), les scientifiques ont inclus près de 31.000 personnes à risque (tabac, obésitéobésité, hypercholestérolémie, hypertensionhypertension, diabète). Chaque personne était référencée comme utilisatrice ou non-utilisatrice d'aspirine. Le suivi effectué sur une duréedurée de cinq ans a montré que la prise d'aspirine était associée à un risque accru (26 %) de nouveau diagnosticdiagnostic d'insuffisance cardiaque chez les consommateurs d'aspirine.
La grande taille de l'échantillon et la durée du suivi ont permis d'effectuer une investigation poussée sur la pertinence de l'utilisation de l'aspirine en prévention primaire et secondaire pour des patients à risque. Cette analyse montre qu'il existe un risque accru d'insuffisance cardiaqueinsuffisance cardiaque chez les patients recevant de l'aspirine avec ou sans antécédents de maladies cardiovasculaires. Les auteurs soulignent cependant que d'autres études sont encore nécessaires pour éclaircir ce point équivoque. Reste qu'il existe des difficultés quant à l'interprétation des recommandations, la pratique clinique permet en attendant une approche personnalisée en adéquation avec le profil de chaque patient.