Dans un cadre non-scientifique, c'est un truisme depuis longtemps. Faire preuve d'empathie, de bienveillance et de douceur envers un patient a le potentiel de réduire en lui, la perception de la douleur. Ces phénomènes sont généralement rangés dans la case des effets « contextuels » ou « placebos ». Sauf que l'empathie pourrait faire mieux que certains médicaments.
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Avec un tel titre, s'agirait-il d'un article de médecine non conventionnelle, vantant les mérites de l'empathie, recommandant de transmettre ses bonnes ondes et son énergieénergie positive ? Pourtant, il sera bien question ici de science, de protocoleprotocole rigoureux et de mécanismes cérébraux. C'est tellement plus excitant que des dogmes préfabriquéspréfabriqués. Commençons sans plus attendre.
L'empathie soulage la douleur...
C'est une équipe du centre de recherche en neurosciences de Lyon qui nous apporte ces éléments de réponses. Tout d'abord, ces scientifiques ont dû s'atteler à démontrer que l'empathie avait bel et bien un effet sur la douleur, et que cela n'avait rien d'une approche empirique. Ils ont monté un protocole particulièrement ingénieux. Des comédiens professionnels ont joué des phrases (négative, neutre, empathique) pré-écrites par des psychothérapeutespsychothérapeutes à des patients sains à qui l'on infligeait un stimulus douloureux d'une intensité de 60 sur une échelle de douleur allant de 0 à 100.
Résultats de cette première expérience, les scènes emphatiques diminuaient le ressenti douloureux de 12 % comparé aux phrases neutres. « C'est tout à fait significatif : certains médicaments ne font pas mieux », rappelle Camille Fauchon, l'auteure principale de l'étude.
Et plus précisément la méta-douleur
Plus particulièrement, il s'agit de soulagement de la perception douloureuse. Si cependant, un traitement agit en interne (sur des nocicepteurs par exemple) modifiant également la perception de la douleur, l'empathie ne semble pas agir au même niveau.
Dans une seconde partie, les patients ont été soumis au même processus mais en plus, ils étaient installés dans un appareil d'imagerie à résonance magnétique fonctionnel (IRMf) pour que les chercheurs puissent analyser leur signaux cérébraux. Grâce à des données antérieures sur la douleur consciente, les investigateurs savaient où se concentrer. Ils ont donc été attentifs aux zones dites « basses » qui gèrent les réceptionsréceptions sensorielles et aux zones dites « supérieures » qui sont corrélées à l'attention, la mémoire autobiographiquemémoire autobiographique, la conscience de soi, l'exploration du contexte, etc.
L'empathie module les circuits de la « méta-douleur », c'est-à-dire, son habillage, ce qui lui donne de la consistance. « Cela confirme qu'en modifiant le contexte par une attitude empathique, on modifie la perception douloureuse via le recrutement de réseaux cérébraux de haut niveau », explique Camille Fauchon. Voilà donc une excellente raison pour promouvoir l'empathie au sein des lieux médicalisés, voire pourquoi pas pour proposer des formations pour les personnels soignants ayant des difficultés à adopter ce genre de comportement ?
Ce qu’il faut
retenir
- L'empathie fait partie des effets contextuels mais son effet est bien réel et significatif par rapport à un placebo.
- Les phrases emphatiques réduisent la perception de la douleur de 12 % en comparaison avec des phrases neutres.
- Ces dernières agissent sur les circuits cérébraux qui donnent de la consistance émotionnelle et cognitive à la douleur.