L'humain ne pourra pas vivre éternellement. D'après une nouvelle étude, notre espèce aurait une limite biologie située entre 120 et 150 ans.
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L'espérance de vie humaine ne pourrait pas être infiniment rallongée. Les progrès de la médecine n'y feront rien, car les maladies liées à l'âge ne sont que des « exécuteurs de la mort », souligne Andrei Gudkov, coauteur d'une étude sur le vieillissement et cofondateur de Genome Protection, une entreprise de biotechnologiebiotechnologie spécialisée dans les thérapies anti-âge. Cette mort préprogrammée est due à « la perte progressive de résiliencerésilience ». Autrement dit, au vieillissement. Inéluctable.
Une limite biologique
« Ce travail, à mon avis, est une percée conceptuelle car il détermine et sépare les rôles des facteurs fondamentaux de la longévité humaine », estime Andrei Gudkov. À savoir, la perte de résilience et les maladies liées à l'âge. Cette résilience cible la capacité du corps humain à récupérer après un stress. De deux semaines lorsque nous avons 40 ans, elle est étendue à six semaines à 80 ans, en moyenne.
Au-delà de 120 à 150 ans, l'humain perdrait entièrement sa capacité de résilience. Cette estimation serait notre limite biologique. « Cela explique pourquoi même la préventionprévention et le traitement les plus efficaces de ces maladies ne pourraient qu'améliorer la duréedurée de vie moyenne, mais pas la durée de vie maximale, à moins que de véritables thérapies anti-âge soient développées ». Ce qui pose, inévitablement, des questions éthiques.
Mais cette découverte pourrait avoir d'autres implications qui feraient plus simplement consensus. Selon Brian Kennedy, un chercheur en biochimiebiochimie et physiologie n'ayant pas participé à l'étude : « La recherche aidera à comprendre les limites de la longévité et les futures interventions anti-âge. Plus important encore, l'étude peut aider à combler l'écart croissant entre la santé et la durée de vie qui continue de s'élargir dans la plupart des pays en développement. »
La longévité humaine serait à sa limite
Article de Jean-Luc GoudetJean-Luc Goudet, publié le 07/10/2016
Dans les pays où les centenaires sont les plus nombreux, dont la France, la longévité des personnes les plus âgées a beaucoup progressé entre les années 1970 et les années 1990. Mais depuis, elle stagne. Pourquoi ? Peut-être parce que l'augmentation de l'espérance de vie fait atteindre une limite, liée génétiquement à notre espèceespèce, et qui semble être de 115 ans environ.
Pour arriver à cette conclusion, trois chercheurs du Albert EinsteinEinstein College of Medicine, une faculté de médecine de New York, ont fouillé dans la base de donnéesbase de données mondiale sur les centenaires, car il en existe une : IDL, pour International Database on Longevity. Xiao Dong, Brandon Milholland et Jan Vijg se sont d'abord intéressés aux quatre pays les mieux placés pour les « supercentenaires » (personnes de plus de 110 ans), à savoir les États-Unis, la France, le Japon et le Royaume-Uni.
À partir des années 1970, l'âge maximum au décès y a crû de manière forte, jusqu'au record de Jeanne Calment, en France (décédée à 122 ans en 1997). Mais à partir des années 1990, cet âge maximum diminue, jusqu'à tendre vers 114,9 ans. Les chercheurs (qui publient dans Nature) trouvent la même tendance en considérant non plus le record d'âge au décès mais le deuxième, le troisième... jusqu'au cinquième. D'après les chercheurs, la probabilité que dans un de ces quatre pays une personne atteigne 125 ans est inférieure à une chance sur dix mille. C'est surprenant, explique Jan Vijg, dans les colonnes de Nature News, car l'augmentation de la population mondiale devrait mécaniquement augmenter le nombre de supercentenaires. En 2014, une étude sur des anciens sportifs avait également, comme nous le rapportions, abouti à cet âge critique de 115 ans.
Quelle est la limite naturelle d'Homo sapiens ?
Pour les chercheurs, cela signifie que les bonnes conditions de vie, la bonne alimentation et les soins médicaux ont permis d'augmenter, et permettent encore, d'augmenter l'espérance de vie générale, mais que dans les pays les mieux lotis la longévité atteint une limite naturelle, qui est celle de la génétique et qui caractérise notre espèce. Il est d'ailleurs connu que les individus ne sont pas tous égaux devant la longévité, toutes choses égales par ailleurs, et que des facteurs génétiques interviennent, comme l'avait montré cette étude que nous rapportions en 2010 sur la prédisposition génétique.
Rappelons que l'espérance de vie est une valeur statistique et indique la durée de vie moyenne d'une population. Par exemple, dire que l'espérance de vie à la naissance est de 75 ans dans tel pays signifie que, si rien ne change dans les conditions de vie, les bébés qui viennent de naître vivront en moyenne 75 ans. On peut aussi calculer l'espérance de vie à 20 ans, à 50 ans ou à 100 ans. Ainsi, dans les quatre pays cités, l'espérance de vie à la naissance pourrait encore croître. En revanche, ce que les chercheurs montrent, c'est que l'espérance de vie à 100 ans diminue.
On peut déjà remarquer que ces conclusions ne concernent que quatre pays et donc qu'il en existe beaucoup d'autres où les supercentenaires peuvent se multiplier dans les années à venir. Quant à la conclusion générale, elle questionne l'influence et l'efficacité des conditions de vie et de la qualité des soins médicaux. Pour les auteurs, il est possible d'amener davantage de personnes à des âges avancés mais, comme toute espèce, Homo sapiensHomo sapiens a sa limite, qui semble programmée. Le débat qui s'ouvre est celui des manipulations génétiques ou d'autres modifications du corps humain : permettront-elles, un jour, de repousser cette limite, comme cela a déjà été fait par exemple sur des cellules sanguines de souris ?