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Image en microscopie électronique du virus EbolaCrédits : CDC
Pour mieux cerner le débat, il faut revenir aux travaux de l'équipe de Craig Venter. Fin 2003, ces scientifiques ont réussi à synthétiser complètement l'ADN d'un bactériophage, un virus qui infecte les bactéries. Puis cet ADN a été injecté artificiellement dans une bactérie, les gènes du virus se sont alors exprimés et la bactérie s'est mise à produire des particules virales fonctionnelles.
Certains médias en ont alors conclu hâtivement que la vie avait pu être recréée en laboratoire. Or, un virus ce n'est pas que de l'ADN. Les virus sont composés d'un génomegénome entouré d'une coque faite de protéinesprotéines. Seules ces particules complètes pénètrent efficacement dans les cellules. Les chercheurs américains, certes avec une rapiditérapidité impressionnante, n'ont fabriqué que l'ADN viral puis l'ont forcé à pénétrer dans des bactéries.
Les scientifiques qui démentent le plus farouchement cette annonce de création de la vie in vitroin vitro affirment même que de toutes manières, les virus ne sont pas des organismes vivants et qu'ils ne sont que des agrégats de moléculesmolécules. Cette affirmation nous amène à revenir sur le débat concernant le statut des virus et sur ce qui caractérise le vivant.
En effet, si les virus ne sont que des agrégats d'ADN ou d'ARNARN et de protéines, alors que sommes nous donc si ce n'est un agrégat plus complexe de ces mêmes molécules ? Si demain une mission retrouve des traces de virus sur Mars, tout le monde clamera que la vie a été découverte sur cette planète.
Certes les virus sont quasiment inertes à l'extérieur des cellules et ne peuvent se multiplier qu'une fois dans le milieu intracellulaire. Mais ce statut de parasiteparasite absolu doit-il pour autant les exclure de la classification des organismes vivants ? De nombreuses espècesespèces de parasites (les larveslarves de schistosomes par exemple) ne peuvent survivre longtemps à l'extérieur d'un hôte adéquat.
Autre caractéristique importante du vivant, la capacité à se reproduire. Pour se multiplier, les virus adoptent une technique tout à fait particulière et d'une efficacité redoutable. Malgré un nombre très réduit de gènes (sept seulement pour le terrible virus Ebola), ils réussissent à détourner à leur profit toute la machinerie cellulaire. Une seule cellule infectée peut ainsi produire en fin de cycle des centaines d'exemplaires du virus.
Enfin, trait essentiel de la vie sur cette planète, l'évolution. Comme tous les êtres vivants, les virus subissent des mutations dans leur génome qui leur permettent de s'adapter à de nouvelles conditions environnementales. Cette faculté leur a permis d'être capables d'infecter toute forme de vie cellulaire (plante, animaux, bactéries) présente sur Terre. Dans certains cas, les virus peuvent même passer d'un type d'organisme à l'autre, voir se combiner entre eux, comme on le redoute pour la grippe du pouletgrippe du poulet.
Il est peut-être de mauvais ton de glorifier les virus en cette période d'épidémiesépidémies, mais d'un point de vue strictement scientifique, ces merveilles d'efficacité biologiquesemblent mériter leur statut d'organisme vivant.