Le Quad, un médicament combinant quatre molécules en un comprimé, vient de passer avec succès un second essai clinique le comparant à un traitement usuel contre l’infection au VIH, dont l'efficacité est comparable. L’agence américaine du médicament (FDA) décidera ou non de son autorisation de mise sur le marché fin août prochain. Quelques petits points noirs sont à signaler malgré tout.

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    Il s'appelle Quad. Un nom un peu trompeur qui pourrait laisser penser que le temps des trithérapies contre le cancer est révolu. Le nouveau médicament de Gilead Sciences se compose effectivement de quatre moléculesmolécules actives, mais seules trois sont des antirétroviraux : l'embriticitabine, le ténofovir (les deux composés du Truvada, autre fleuron de la compagnie américaine) et l'elvitégravir, dont l'efficacité est amplifiée par le cobicistat. Il ne s'agit donc pas d'une quadrithérapie au sens strict du terme, mais plutôt de ce que l'on appelle une trithérapie fixe. Mais cela relève du détail.

    L'important, ce sont plutôt les effets qu'un tel traitement procure. Car d'après une étude parue dans The Lancet, ils sont bons. Le Quad serait au moins aussi efficace que les médications usuelles pour les personnes n'ayant suivi aucun traitement contre le VIH. De telles données pourraient pousser la Food and Drug AdministrationFood and Drug Administration (FDA), l'agence américaine du médicament, à autoriser la mise sur le marché du traitement le 27 août, surtout si elle tient compte de l'avis favorable d'un comité d'experts indépendants réunis en mai dernier.

    Dans un précédent essai clinique, paru l'été dernier, 700 patients séropositifs au VIH avaient reçu soit le Quad, soit l'Atripla, une trithérapie courante. Après 48 semaines de traitement, 88 % des patients sous Quad présentaient une virémievirémie indétectable (moins de 50 copies/ml de sang, des quantités trop faibles pour être mesurées par les techniques scientifiques) contre 84 % pour son rival. Des premiers signes encourageants.

    Les trithérapies n'éliminent pas complètement le VIH, que l'on voit à l'image, représenté par ces petits disques bleus à la surface d'un lymphocyte. Le virus du Sida se réfugie dans certaines cellules, entre en phase de latence et attend son heure. Si l'on arrête les traitements antirétroviraux, le VIH se manifeste de nouveau. © R. Dourmashkin, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Les trithérapies n'éliminent pas complètement le VIH, que l'on voit à l'image, représenté par ces petits disques bleus à la surface d'un lymphocyte. Le virus du Sida se réfugie dans certaines cellules, entre en phase de latence et attend son heure. Si l'on arrête les traitements antirétroviraux, le VIH se manifeste de nouveau. © R. Dourmashkin, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Après l’Atripla, le Quad fait aussi bien que le Truvada

    Cette fois, dans une étude internationale menée dans 146 centres médicaux européens, australiens, américains et thaïlandais, l'efficacité du Quad était confrontée à celle du Truvada. Parmi les 708 patients qui venaient de découvrir leur séropositivitéséropositivité et qui n'avaient encore jamais subi de traitement contre le virusvirus du SidaSida, 353 recevaient un seul comprimé par jour de Quad, les 355 autres participants testant le second médicament.

    Dans le premier cas, 316 malades (89,5 %) présentaient une virémie indétectable après 48 semaines, contre 308 (86,8 %) avec le Truvada. Là encore le Quad confirme son fort potentiel thérapeutique. Seuls 13 patients (3,7 %) ont dû renoncer au traitement du fait d'effets secondaires indésirables trop importants alors qu'ils étaient 18 (5,1 %) dans le groupe Truvada.

    Mais tout n'est pas parfait. Des cas de complications rénales ont été constatés chez les volontaires soignés au Quad. Avec le colbicistat (la molécule dopante), le but était de s'affranchir des conséquences néfastes d'une molécule aux propriétés comparables, le ritonavir, qui augmente les taux de triglycéridestriglycérides et de mauvais cholestérol. À la place, on utilise un composé qui semble mauvais pour les reinsreins.

    Tous les traitements contre le VIH ont des défauts

    Pour connaître sa toxicitétoxicité précise au niveau rénal, des études sur 192 semaines sont en cours. En attendant, deux experts belges précisent dans un éditorial accompagnant l'article scientifique qu'il faut limiter l'utilisation du Quad aux personnes avec des reins fonctionnels. Ils en profitent au passage pour critiquer le manque de représentation des femmes dans l'étude, l'absence de données à long terme sur la sécurité du Quad et pointent du doigt des cas de résistance au médicament.

    Aucun traitement contre l'infection au VIH n'est sans défaut, les médecins prescrivent un traitement plutôt qu'un autre en fonction du profil de leurs patients. Une trithérapie comme le Quad présente malgré tout des points positifs et pourrait fournir au malade un meilleur confort de vie en simplifiant le traitement et en le résumant à une prise quotidienne. Un avantage qui pourrait devenir un inconvénient le jour où on l'oublie, car une personne séropositive se retrouverait sans aucun principe actifprincipe actif dans le corps.

    La décision revient maintenant aux instances américaines. En Europe, le Quad pourrait débarquer prochainement. La demande d'autorisation de mise sur le marchéautorisation de mise sur le marché a été effectuée en décembre dernier auprès de l'agence européenne des médicaments (EMA), dont l'avis n'a pas encore été rendu. S'il est favorable, s'en suivront encore de longues procédures avant que la trithérapie fixe ne soit vendue en France.