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Face au VIH (ici en vert), la potion miracle n'existe pas. Pour s'en débarrasser, il n'y a pas d'autre solution que de combiner les traitements. Ainsi est née la trithérapie, qui n'est pas encore suffisante pour guérir définitivement de la maladie. Il faut compléter ce traitement antirétroviral avec un ou plusieurs médicaments capables de faire sortir le virus du Sida de son état latent. JQ1 est un des candidats à cette fonction. © Goldsmith et al., CDC
En cette 25e édition de la Journée mondiale du Sida, l'optimisme est plutôt de rigueur. Les décès dus à cette infection sont en baisse sur les 5 dernières années et on annonçait en juillet dernier une nouvelle plus qu'encourageante : deux nouveaux patients auraient peut-être été guéris.
Malheureusement, même si l'avenir venait à confirmer l'information, leur traitement, très particulier, ne pourra être réalisé à grande échelle, laissant 25 millions de personnes séropositivesséropositives à travers le monde. Cependant, en considérant en plus Timothy Brown, le seul cas avéré de rémission du Sida, la recherche scientifique montre que ses efforts ne sont pas loin de payer.
Aujourd'hui, cette maladie reste incurable, mais les thérapies à base d'antirétroviraux sont si puissantes que le VIH n'est plus détecté dans le sang des patients. Cela ne suffit pas pour parler de guérison car à l'arrêt des traitements, l'infection reprend en quelques semaines.
Sortir le VIH de sa latence
Si le virus du Sida ne se montre pas, c'est qu'il se trouve dans certaines cellules à l'état latentlatent. Devenant alors inaccessible aux trithérapies, le VIH n'affecte pas le système immunitaire mais se tient prêt à saisir la moindre brèche pour s'exprimer pleinement.
Le VIH, ici en bleu ciel, utilise les lymphocytes T4 pour se dupliquer avant de les détruire. Or, ces cellules du système immunitaire jouent un rôle central dans la régulation des défenses contre les infections. Lorsqu'elles meurent, l'organisme n'est plus protégé contre les bactéries et les virus : c'est l'immunodéficience. © R. Dourmashkin, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0
Ainsi, les scientifiques tentent de développer un traitement qui fera sortir le rétrovirusrétrovirus de sa torpeur, de manière à le mettre à portée de tir des antirétroviraux. Plusieurs candidats sont sur la liste, et un petit nouveau les rejoint : JQ1.
Cette moléculemolécule, développée actuellement pour en faire un contraceptif masculin, aurait de nombreuses autres vertus. Si deux études récentes montrent son potentiel dans la lutte contre la leucémie, des chercheurs du Boston University Medical Campus (États-Unis) voient en lui une nouvelle arme contre le Sida. Mais aussi contre des maladies inflammatoires...
JQ1, la nouvelle arme contre le Sida
Le protocoleprotocole de l'étude est expliqué dans le Journal of Leukocyte Biology. Ce travail a été mené sur des modèles cellulaires de lymphocyteslymphocytes TT et de monocytesmonocytes avec VIH latent, en plus des cellules récupérées chez trois patients sous traitement antirétroviral et chez qui le virusvirus est indétectable.
Une fois ces cellules mises en culture, la molécule JQ1 a été ajoutée à des concentrations physiologiques. Si elle a limité la multiplication de ces globules blancs, elle a aussi réactivé le VIH latent dans certaines de ces lignées. En plus de son action sur le virus du Sida, le composé régule aussi l'expression de nombreux gènesgènes et en inhibe certains impliqués dans des processus inflammatoires, montrant là l'étendue de son pouvoir pharmaceutique.
Mais c'est bel et bien le potentiel de JQ1 contre le rétrovirus qui focalise l'attention des chercheurs. S'il peut réveiller le VIH, reste à savoir si une combinaison avec un antirétroviral permettra de terminer le travail et de soigner complètement le patient. Ce sera probablement l'objet d'investigations ultérieures...