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L'entérovirus 71 frappe surtout les enfants et occasionne souvent une maladie négligée mais pourtant mortelle : le syndrome pieds-mains-bouche. Désormais, un vaccin pourrait bientôt être distribué dans les régions Asie et Pacifique, pour contrôler les épidémies qui y circulent. © Pascal Dolémieux, Sanofi Pasteur, Flickr, cc by n nd 2.0
Le syndrome pieds-mains-bouche (SPMB) est une maladie d'origine virale qui frappe le plus souvent des enfants. Parfois asymptomatique, l'infection peut se manifester par une fièvre et l'apparition de vésicules sur les trois régions du corps qui lui valent son nom. Les principaux responsables sont le virus Coxsackie 16 et l'entérovirus 71 (EV-71). Si le premier n'engendre pas de complications, le dernier peut dans de rares cas faire évoluer la maladie vers des formes plus graves, avec des atteintes cérébrales de type méningite ou encéphalite, menant alors à la mort.
Cette pathologie se propage par vaguesvagues épidémiques, apparaissant plusieurs fois par décennie. Actuellement, la Chine, puis l'Asie et le Pacifique sont les régions les plus fortement touchées. En 2009, on dénombrait en Chine 1,1 million de cas occasionnant 3.553 morts.
Or, aucun traitement n'est disponible contre cette maladie. Mais les choses pourraient prochainement être amenées à bouger : un essai clinique de phase III révèle l'efficacité d'un candidat vaccinvaccin qui immunise fortement de jeunes enfants contre les maladies associées à l'EV-71, sur une duréedurée d'au moins un an.
Le syndrome pieds-mains-bouche se caractérise par des vésicules cutanées, le plus souvent bénignes, comme celles situées autour de la bouche de ce jeune enfant de 11 mois. Le virus qui en est à l'origine, comme EV-71, peut se révéler parfois plus agressif. © MidgleyDJ, Wikipédia, cc by sa 3.0
Un vaccin efficace contre les maladies de l’entérovirus 71
L'étude, publiée dans The Lancet, a été menée auprès de 10.245 bébés et enfants chinois, âgés de 6 à 35 mois. Comme toujours dans ces expériences, les participants sont séparés en deux groupes : 5.125 servaient de contrôle et recevaient un placéboplacébo quand les 5.120 restants étaient eux vaccinés par un EV-71 inactivé. Les deux piqûres étaient espacées de 28 jours.
Après 12 mois, les résultats sont prometteurs. Le vaccin, développé par Beijing Vigoo Biological, confère une protection de 90,0 % contre le SPMB associé à l'EV-71 (3 cas contre 30 dans le groupe placébo) et de 80,4 % contre les autres maladies causées par ce virus (8 cas contre 41), dont les complications neurologiques.
La sûreté du produit semble une nouvelle fois démontrée, les effets secondaires indésirables étant rares et surtout à peu près identiques dans les faits (fièvre, douleurdouleur au niveau de la région de la piqûre) et dans les proportions d'un groupe à l'autre. Le profil de tolérance semble le même que celui des vaccins à base de poliovirus inactivés, un autre membre du genre des entérovirus.
Quelle est l’étendue réelle du pouvoir protecteur du vaccin ?
Voilà pour le bon côté des choses. En revanche, rien n'indique que le vaccin immunise contre le virus Coxsackie A16 qui accompagne souvent EV-71. De la même façon, ce traitement ne protège pas contre tous les autres virus pouvant causer le SPMB. On n'écarterait donc qu'une partie du problème, même en menant de vastes campagnes de vaccination.
De plus, dans un commentaire accompagnant l'article, les scientifiques australiens Nigel Crawford et Steve Graham demandent maintenant que ce vaccin soit testé contre les autres souches de EV-71 qui sévissent en Corée du Sud ou au Japon, afin de déterminer s'il se limite uniquement aux formes circulant en Chine ou s'il est plus universel.