Une petite valise peut vérifier rapidement les dosages de médicaments injectés en intraveineuse. Une précaution apparemment utile car les erreurs existent...


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    Jim Stevenson. Crédit : université de Michigan

    Jim Stevenson. Crédit : université de Michigan

    La sécurité a toujours constitué un souci majeur en milieu hospitalier, tout particulièrement en pédiatrie. L'identification et la distribution des médicaments ont été sécurisées depuis longtemps par l'adjonction de codes-barrescodes-barres, mais cela n'exclut pas la possibilité d'erreurs en amont, notamment au niveau de la concentration des produits destinés à être administrés.

    « Les erreurs de préparation des médicaments sont très rares. Cependant, lorsqu'elles se produisent, elles peuvent avoir un impact négatif significatif sur les patients comme sur le personnel », déclare Jim Stevenson, de l'hôpital pédiatrique de l'université de Michigan et doyen du Collège de Pharmacie du même établissement.

    Dans le but d'éviter ces erreurs, ValiMed (Tucson, Arizona) a mis au point un appareil destiné à identifier la composition de certains médicaments en se basant sur la concentration des composants de sept produits régulièrement administrés par voie intraveineuse en médecine pédiatrique : vancomycine, lorazepam, morphine, insuline, hydromorphone, gentamicine et épinephrine (adrénaline).

    L'analyseur ValiMed. Crédit : ValiMed

    L'analyseur ValiMed. Crédit : ValiMed

    Cet appareil fonctionne sur le principe de la photométrie par photoémission (enhanced photoemission spectroscopy, ou EPS). L'échantillon est excité par une source d'ultravioletsultraviolets et réagit en émettant un rayonnement dont le spectrespectre dépend précisément de ses composants et de leur concentration. Dans un premier temps, chacune des substances que l'appareil devra reconnaître est analysée et l'appareil enregistre dans sa mémoire les valeurs du rayonnement émis, véritable signature spectrale de la moléculemolécule à doser. Au moment de l'utilisation, les résultats obtenus sur l'échantillon à analyser seront comparés à chacun de ceux en mémoire. L'appareil est calibré pour détecter des erreurs de concentration de plus ou moins 20 % avec un degré de fiabilité de 95 %.


    Chaque médicament comporte sa propre signature spectrale facilement identifiable. Ce diagramme montre trois de ces empreintes. En comparant leur tracé avec ceux enregistrés dans la base de données, l’analyseur peut authentifier un médicament et son dosage.
    Crédit ValiMed

    L'analyse prend environ une minute et se révèle ainsi compatible avec une utilisation en milieu hospitalier.

    « De nombreux dispositifs et procédures sont déjà mises en place pour améliorer la sécurité des médicaments, rapporte Stevenson. Cependant en ce qui concerne les produits administrables par voie intraveineuse, ceux-ci reposent en priorité sur le contrôle visuel par le pharmacienpharmacien. Un dispositif complémentaire comme celui-ci, que nous sommes actuellement les seuls à utiliser dans le monde, constitue un nouveau rempart contre l'erreur humaine, toujours possible ».

    Les premières erreurs déjà détectées...

    Des essais cliniques encourageants ont été obtenus au cours d'un test en grandeur nature conduit sur une période de dix-huit mois au C.S. Mott Children's Hospital de l'université de Michigan, sous la direction de Jim Stevenson. Au cours de cette première période d'essais, une moyenne de 40 à 50 échantillons ont été testés quotidiennement, sous différents dosagesdosages. La petite valise a réussi le test d'une manière encourageante pour son utilisation future mais un peu inquiétante pour les patients : elle a détecté cinq erreurs potentiellement sérieuses dans la concentration de produits injectables. Le rapport de l'essai est paru dans la livraison du 1er janvier 2008 de l'American Journal of Health System Pharmacy sous le titre Enhanced photoemission spectroscopy for verificationverification of high-risk IV medications.

    Le dispositif est à présent aussi utilisé à l'hôpital de l'université de Michigan, et selon Jim Stevenson, une des prochaines étapes consistera à développer de nouvelles signatures spectrales afin d'étendre la détection à un plus grand nombre de préparations.