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Les usagers de drogue et leur entourage le savent : il n'est pas facile de décrocher et la cocaïne ne déroge pas à la règle. Cette moléculemolécule procure un plaisir intense, proche de l'orgasme, mais ses effets sont très limités dans le temps. Au niveau moléculaire, la cocaïne agit sur le système nerveux central. Ses effets stimulants sont dus au blocage de la recapture de la dopamine au niveau des synapses. Le neurotransmetteurneurotransmetteur continue donc d'agir, provoquant notamment une augmentation du rythme cardiaque et une stimulationstimulation d'une zone du cerveaucerveau impliquée dans le plaisir (le noyau accumbensnoyau accumbens).
La phase de plaisir fait ensuite place à une phase plus morose, qui pousse le consommateur à renouveler l'expérience. Si la dépendance est davantage psychique que physiquephysique, les rechutesrechutes n'en sont pas moins courantes et peuvent parfois gâcher des vies. Le mieux est donc de ne pas y goûter...
Le rhume pour vaccin...
De nouvelles stratégies sont toutefois en cours de développement pour lutter contre l'addictionaddiction et semblent très prometteuses, comme nous le prouvent les chercheurs du Weill Cornell Medical College à New York. Ils ont en effet mis au point un vaccinvaccin qui annulerait les effets de la cocaïne chez des souris, une étude publiée dans la revue Molecular Therapy.
Le vaccin a été réalisé à partir d'un virusvirus du rhume (adénovirusadénovirus) possédant des mutations dans les gènesgènes E1 et E3 impliqués dans la réplicationréplication du virus. Ainsi inactivé et non infectieux, le virus perd sa dangerosité et peut être modifié pour présenter au système immunitairesystème immunitaire des molécules à combattre. L'adénovirus inactivé est d'ailleurs utilisé dans de nombreux vaccins (grippegrippe...).
Le vaccin anticocaïne est issu de la modification d'un adénovirus, auquel un analogue de la cocaïne a été fixé sur les protéines de surface. © DR
Un analogue de la cocaïne (structuralement similaire mais plus stable) a alors été fixé de façon covalente aux protéinesprotéines de capsidecapside en surface du virus. Théoriquement, le système immunitaire produira alors des anticorpsanticorps dirigés contre la cocaïne qui, lorsqu'ils la rencontreront, la séquestreront et l'empêcheront d'aller jouer son rôle dans le cerveau des souris.
En pratique, le vaccin semble aussi efficace que prévu. Les souris auxquelles a été injecté le virus modifié produisent de grandes quantités d'anticorps spécifiques de la cocaïne, une substance pourtant habituellement tolérée par le système immunitaire. Testés in vitroin vitro, les anticorps issus des rongeursrongeurs possèdent la capacité d'agréger la cocaïne.
De bons résultats, à vérifier chez l’Homme
In vivoIn vivo, les anticorps sont qualifiés de neutralisants, car ils inhibent l'effet de la cocaïne. En effet, lorsque ces souris immunisées reçoivent ensuite des doses de cocaïne (proportionnellement identiques à celles consommées par l'Homme), l'hyperactivité caractéristique de la prise de drogue est beaucoup moins prononcée que chez les souris contrôles.
Alors que des tentatives de développement de vaccins avaient échoué, il semble que celui-ci soit efficace jusqu'à 13 semaines, dernier point de vérification réalisé, et sur de multiples doses de cocaïne successives. Selon les auteurs, il est donc un candidat sérieux pour la lutte contre l'addiction chez l'Homme en général, car il pourrait inhiber de la même façon les effets d'autres molécules addictives (nicotinenicotine, héroïne...) chez les utilisateurs. Bien sûr, ce vaccin devra avant tout passer les différentes étapes de validation (efficacité et innocuité) avant d'être, peut-être, disponible.