La sélection des embryons à implanter dans l’utérus est une étape déterminante dans le taux de réussite de la fécondation in vitro. L’European Society of Human Reproduction and Embryology indique qu’une méthode de vérification du contenu génomique non invasive serait efficace et aurait déjà conduit à la naissance de trois bébés.

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    Depuis la naissance de Louise Brown en 1978, grâce aux travaux de Robert Edwards, lauréat du prix Nobel 2010 de physiologie et de médecine, les progrès de la fécondation in vitro (FIVFIV) vont bon train. Notamment à cause de l'augmentation de l'âge des futurs parents, de nombreux couples infertiles ont recours à l'assistance à la procréation, mais le pourcentage de réussite est loin de satisfaire les attentes. En effet, en moyenne, seules 23 % des FIV mènent à l'établissement d'une grossesse, soit plus de deux tiers d'implantations d'embryons qui sont victimes d'avortements spontanés. La sélection des embryons les plus viables avant l'implantation est donc une étape qu'il est nécessaire d'améliorer.

    Les anomalies chromosomiquesanomalies chromosomiques de l'embryon sont la principale cause d'échec. Elles se caractérisent entre autres par des variations du nombre de copies de certaines régions chromosomiques. Après 10 ans de recherche, une nouvelle technique de diagnostic préimplantatoire a démontré son efficacité en donnant naissance à trois bébés : des jumelles allemandes nées en juin et un petit garçon italien né en septembre.

    Vérification du contenu chromosomique de l’ovocyte

    La technique utilisée pour ces trois naissances consiste en une recherche des anomalies chromosomiques par hybridationhybridation génomique comparative (CGH) sur puce. Habituellement utilisée dans les laboratoires pour détecter des cellules cancéreuses, la technique s'applique très bien à la sélection des embryons les plus viables. En effet, elle consiste en une comparaison précise de l'ADNADN à contrôler avec un ADN connu pour être correct.

    Les deux types d'ADN sont couplés à des marqueurs fluorescents verts et rouges, mélangés entre eux et finalement hybridés sur une puce représentative du génomegénome. Si les régions chromosomiques sont présentes en mêmes quantités, le mélange des fluorescences donne une résultante orange ; en cas d'anomalie, le rouge ou le vert prédomine.

    L'ovocyte, ou gamète femelle, résulte du processus de méiose, tout comme le corps polaire qui est une petite cellule parfois visible aux côtés de l'ovocyte. © DR

    L'ovocyte, ou gamète femelle, résulte du processus de méiose, tout comme le corps polaire qui est une petite cellule parfois visible aux côtés de l'ovocyte. © DR

    En plus du choix de la technique, le choix de la cellule à analyser a aussi été mûrement réfléchi et s'est posé sur le corps polaire. Cette cellule contient le patrimoine génomique miroirmiroir de celui de l'ovocyteovocyte car elle est comme lui issu de la méiose, la division cellulaire particulière qui permet d'éliminer aléatoirement la moitié du génome pour donner naissance aux gamètesgamètes. L'analyse du génome du corps polaire permet donc de connaître par déduction le contenu génétiquegénétique de l'ovocyte, sans toucher à l'embryon.

    Les avantages de la technique

    L'embryon qui dérive d'un ovocyte possédant un patrimoine génétique correct aura davantage de chances d'être viable et sera donc préférentiellement choisi pour l'implantation dans l'utérusutérus maternel. De nombreux avantages ont été mis en avant par l'European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE). La méthode permet en effet de ne pas toucher à l'embryon lui-même et d'éviter de congeler celui-ci en attendant les résultats puisque le test est rapide. De plus, elle reflète l'état général de l'embryon, dont les cellules peuvent parfois être une mosaïque.

    L'ESHRE insiste aussi sur le fait que la CGH sur puce permet de vérifier l'ensemble des chromosomeschromosomes d'une cellule et non pas un nombre limité. Toutefois, la recherche des anomalies du globule polaireglobule polaire ne reflète que le patrimoine génétique provenant de la mère, celui du père n'étant pas investigué.

    La sélection de l'embryon étant meilleure, le nombre d'embryons implantés simultanément pourra être revu à la baisse pour éviter les grossesses multiples qui sont plus à risques. La technique sera proposée en priorité aux femmes de plus de 37 ans dont les ovocytes sont plus souvent victimes d'anomalies chromosomiques, mais aussi aux femmes ayant subi des échecs de FIV ou victimes de fausses couchesfausses couches.