Maladie inflammatoire auto-immune, la pelade universelle est mal comprise, peu soignée et très handicapante socialement. Des dermatologues de l’université de Yale viennent de rendre à un jeune homme de 25 ans tous ses poils ! Un traitement qui, pour la première fois, cible efficacement cette maladie rare et très visible.


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    Ce patient totalement glabre (image de gauche) a bénéficié d'un tout nouveau traitement qui a conduit à la repousse des cheveux. Les images suivantes montrent sa tête après deux, cinq et huit mois de traitement. © Yales

    Ce patient totalement glabre (image de gauche) a bénéficié d'un tout nouveau traitement qui a conduit à la repousse des cheveux. Les images suivantes montrent sa tête après deux, cinq et huit mois de traitement. © Yales

    L'histoire de ce jeune homme de 25 ans commence par une énième consultation chez le dermatologue. Depuis 5 ans, des plaques de psoriasis le couvrent de la tête au pied. Et ce malgré de nombreux traitements, qui n'ont pas non plus eu d'effet sur sa pelade universelle. Totalement glabreglabre depuis l'âge de 18 ans, ce patient n'a jamais consulté pour cette maladie auto-immune caractérisée par l'absence de poils, de cheveux et de cils. Mais cette dernière consultation sera différente : Brent A. King, médecin de la faculté de médecine de l'université de Yale, remarque que, sur les plaques crâniennes, rouges et squameuses de psoriasis, des cheveux poussent !

    Le dermatologue augure que les deux maladies sont liées. L'art de la biblio prend alors tout son sens. Il identifie une moléculemolécule prometteuse : le citrate de tofacitinib. Déjà approuvé en 2012 pour le traitement d'une autre maladie auto-immune, la polyarthrite rhumatoïde, ce médicament a été utilisé pour soigner le psoriasis chez l'Homme. D'autres études, chez la souris cette fois, indiquent que cette molécule a restauré en partie leur perte de poils, du moins dans une forme d'alopécie moins sévère que celle dont souffre le jeune patient.

    L’hypothèse de l’efficacité du tofacitinib sur la repousse du poil du patient atteint d’alopécie universelle, maladie auto-immune : cette molécule étouffe l’attaque contre les follicules pileux, agressés par son propre système immunitaire. © Yales / <em>Journal of investigate Dermatology </em>
    L’hypothèse de l’efficacité du tofacitinib sur la repousse du poil du patient atteint d’alopécie universelle, maladie auto-immune : cette molécule étouffe l’attaque contre les follicules pileux, agressés par son propre système immunitaire. © Yales / Journal of investigate Dermatology

    De glabre à poilu en moins d’un an

    Les dermatologues ont tenté ce traitement sur le patient qui, bien entendu, a donné son accord. Grand bien lui en a pris. Au bout de huit mois de traitement, la repousse des cheveux du jeune homme est spectaculaire! En plus de cette nouvelle chevelure blonde, il arbore cils, sourcils, poils sous les aisselles, et même sur le visage ! Devra-t-il investir dans un rasoir ?

    Le traitement expérimental, publié dans Journal of investigate Dermatology, a évolué au cours de cet essai. Au bout de deux mois à raison de 5 mg de tofacitinib deux fois par jour, une amélioration du psoriasis et de la pelade était observée. La dose quotidienne a augmenté à 15 mg. Après trois mois de ce traitement, les cheveux ont repoussé, les cils et sourcilssourcils apparaissent, pour arriver à ce résultat inattendu en huit mois.

    Si le gain obtenu sur l'alopécie universelle dépasse les espérances, le bénéfice est moindre pour le psoriasis. Conquis par sa nouvelle coupe de cheveux, le patient a refusé de poursuivre les augmentations de doses de tofacitinib qui auraient pu aboutir à une amélioration de ses plaques rouges. Il n'a pourtant ressenti aucun effet secondaire et les scientifiques n'ont décelé aucune anomalieanomalie en laboratoire. Reste tout de même à entreprendre des essais cliniquesessais cliniques pour évaluer la sécurité et l'efficacité du tofacitinib dans ce tout premier traitement de la pelade universelle.