La 31e édition du Téléthon a lieu ce weekend du 8 et 9 décembre 2017. L'occasion pour l'équipe de Futura de revenir sur un exemple de travaux menés grâce aux fonds récoltés. En 2013, après des débuts difficiles, la thérapie génique se montrait en effet enfin prometteuse. Six enfants traités pour deux maladies graves, voire mortelles, se portaient bien deux à trois ans après le début de la prise en charge.

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    Article paru le 12/07/2013

    Voilà quelques années, tous les espoirs se portaient sur la thérapie génique pour soigner les personnes atteintes de maladies génétiques incurables. Malheureusement, des écueils et des échecs gravissimes ont un peu douché les ambitions des scientifiques. En effet, certains bébés traités ont par la suite développé une leucémie du fait de l'inactivation non désirée d'un gène, causée par la thérapie.

    Les chercheurs n'ont pas baissé les bras pour autant. Et en Italie, les résultats de deux études menées à l'hôpital San Raffaele de MilanMilan et financées par l'argentargent du Téléthon montrent qu'il faut y croire. Pour l'heure, six enfants atteints de maladies génétiques rares et traités depuis au moins deux ans par thérapie génique semblent bien se porter, et les symptômes de leurs troubles respectifs ont fortement reculé, voire disparu.

    Des maladies génétiques rares et mortelles enfin traitées

    Trois d'entre eux souffrent du syndromesyndrome de Wiskott-Aldrich (SWA). À cause d'une copie défaillante du gène Was, retrouvé sur le chromosome X, ces patients souffrent d'une immunodéficienceimmunodéficience forte qui les oblige à vivre dans des bulles stériles pour éviter qu'ils succombent à des maladies normalement bénignes, contre lesquelles ils ne peuvent se défendre.

    Les autres sont quant à eux touchés par une leucodystrophie métachromatique, qui se caractérise par l'accumulation de sulfate de cérébroside au niveau du système nerveux, du fait là encore d'un gène défaillant. Entre un et deux ans, les neuronesneurones dégénèrent et les enfants perdent progressivement leurs capacités motrices et cognitives, les conduisant à une mort précoce.

    Ce schéma reprend le principe du fonctionnement de la thérapie génique, avec un adénovirus comme vecteur (alors que dans cette étude, il s'agit d'un lentivirus). Après modification du génome viral, le vecteur s'insère dans la cellule et intègre son génome à celui de la cellule-hôte, qui va alors produire la protéine d'intérêt qu'il contient. © NIH, Wikipédia, DP

    Ce schéma reprend le principe du fonctionnement de la thérapie génique, avec un adénovirus comme vecteur (alors que dans cette étude, il s'agit d'un lentivirus). Après modification du génome viral, le vecteur s'insère dans la cellule et intègre son génome à celui de la cellule-hôte, qui va alors produire la protéine d'intérêt qu'il contient. © NIH, Wikipédia, DP

    Des gènes sains introduits grâce au VIH

    Après 15 années de travail, d'échecs et de frustration, les scientifiques ont finalement tenté l'expérience grandeur nature après avoir obtenu des éléments satisfaisants en laboratoire. Dans un premier temps, il a fallu retourner l'un de nos pires ennemis pour en faire un sauveur : le VIH. Après modification du virusvirus du SidaSida pour le rendre inoffensif et y insérer le gène d'intérêt, il a été introduit dans des cellules souchescellules souches de la moelle osseusemoelle osseuse des patients, celles à l'origine des cellules sanguines. Après manipulation, elles ont été remises à leur place.

    Dans le cas du SWA, les cellules souches hématopoïétiques modifiées (porteuses d'une copie saine du gène) ont progressivement remplacé les globules blancs déficients. Au bout de 20 à 30 mois de traitement, les auteurs font part dans Science d'une diminution, voire d'une disparition des symptômes. Aucun effet secondaire majeur n'a pour l'heure été constaté. Si les résultats se confirment dans la duréedurée, ces enfants pourront sortir de leur monde stérile et jouer, courir, ou bien aller à l'école comme tout le monde.

    Pour la thérapie génique contre la leucodystrophie métachromatique, le processus est un peu plus complexe. Les cellules hématopoïétiques modifiées rejoignent la circulation et atteignent le cerveau. Ayant été conçues pour produire en excès la protéineprotéine défaillante (l'arylsulfatase A), celles-ci sécrètent dans le milieu extracellulaire ladite protéine, qui est alors captée par les cellules du cerveaucerveau alentour. Ainsi, elles métabolisent le sulfate de cérébroside et l'empêchent donc de s'accumuler, empêchant alors la neurodégénérescence de progresser.

    La thérapie génique montre ses succès

    Les trois enfants ont été traités entre 7 et 15 mois, à des âges où les symptômes n'étaient pas encore apparus. Les résultats, là encore parus dans un autre article de Science, montrent que l'un d'eux, à 3 ans, possède un QI normal, dispose d'un niveau de langue correct, se tient debout tout seul et marche très bien en tenant la main de quelqu'un, alors que sans traitement, les petits de cet âge-là ne parlent pas et sont en fauteuil roulant. Les deux autres ne présentent aucun symptôme de la maladie à 3 ans, alors que ceux-ci auraient déjà dû apparaître si la thérapie n'avait pas été efficace.

    Ces essais cliniquesessais cliniques ont été rendus possibles grâce à 19 millions d'euros récoltés par le Téléthon. La recherche contre la leucodystrophie métachromatique a bénéficié de 11 millions d'euros, les 8 millions restant ayant été dédiés au SWA. En tout, dix autres enfants participent aux tests, entamés au printemps 2010 (7 pour la première maladie, 3 pour la seconde), mais le traitement est encore trop récent pour que l'on ait assez de recul sur leurs cas.

    Ces six premiers patients ne sont pas encore tirés d'affaire, et vont bénéficier d'un suivi régulier pour s'assurer que la thérapie génique n'induit pas d'effets secondaires sérieux, et pour vérifier la durée d'efficacité des traitements. Mais cette double annonce ravive un espoir qui semblait peu à peu retomber chez des parents, inquiets de voir que les grandes promesses d'hier ne se concrétisaient pas.