La prise d’un traitement antirétroviral préventif avant l’affaiblissement du système immunitaire réduirait de 96 % la transmission du virus du Sida au sein des couples dont seul l’un des partenaires est séropositif. Cette bonne nouvelle devrait mener à la généralisation du traitement de prévention.

au sommaire


    La préventionprévention contre l'infection par le virus du Sida est l'une des ambitions majeures de l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS). Les bons résultats d'une nouvelle étude concernant l'efficacité du traitement antirétroviral de prévention dans la diminution des risques de transmission au partenaire ont donc été accueillis avec enthousiasme.

    Préalablement à l'étude, des précédents résultats menés en Afrique et en Thaïlande avaient fait état d'une corrélation entre la charge virale sanguine du VIH et la transmission, où plus la concentration en virus est élevée, plus les chances de transmission sont grandes. D'un autre côté, la thérapie antirétrovirale réduit la charge virale dans le sang, et la réduit également au niveau des sécrétions génitales, quel que soit le sexe (dans les sécrétions vaginale, cervicales et dans le spermesperme). L'ensemble de ces données avaient mené les scientifiques à supposer que le traitement pouvait diminuer la contagion des personnes séropositivesséropositives.

    Début du traitement tant que l’immunité est forte

    Pour le prouver, une étude de phase III est menée depuis 2005 par des scientifiques de l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, impliqués dans le Réseau des essais de prévention contre le VIH (HIV Prevention Trials Network). Appelée HPTN 052, cette étude consiste en l'observation des cas de néo-infection par le virus du SidaSida, au sein de 1.763 couples sérodiscordants (l'un des partenaires est séropositif, l'autre séronégatifséronégatif) originaires d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine et des États-Unis.

    Seuls les couples dont les partenaires séropositifs possédaient un taux de lymphocyteslymphocytes CD4 assez élevé (compris entre 350 et 550 cellules par millimètre cube) ont été inclus dans l'essai. Bien qu'ils ne soient pas encore considérés comme éligibles pour un traitement (selon les directives de l’OMS), les séropositifs du premier groupe ont commencé à prendre la thérapie antirétrovirale dès le début de l'étude, de façon préventive. Dans le second groupe, les recommandations de l'OMS ont été suivies, le traitement n'étant administré que lorsque le taux de lymphocytes CD4, cellules cibles du virus, chutait (moins de 200 à 250 cellules par millimètre cube), ou lorsque les premières maladies liées au Sida se développaient. 

    La thérapie antirétrovirale préventive ne dispense pas du port du préservatif. © DR

    La thérapie antirétrovirale préventive ne dispense pas du port du préservatif. © DR

    Réduction de 96 % des risques de transmission

    Leurs partenaires séronégatifs n'ont pas reçu de traitement. Pour s'assurer d'une protection similaire lors des rapports sexuels, les couples des deux groupes ont également suivi des sessions leur expliquant comment réduire les risques de transmission, et ont reçu des préservatifs

    Le 28 avril 2011, date à laquelle les données ont été évaluées par un comité de surveillance et de suivi (composé d'experts indépendants), vingt-huit cas de transmission avaient été enregistrés. Parmi ceux-ci, un seul cas s'est déclaré dans le groupe des personnes traitées dès le début de l'étude. La transmission du virus de la personne séropositive à son partenaire a été vérifiée par l'analyse génétiquegénétique des souches virales.

    La thérapie antirétrovirale administrée alors que le système immunitairesystème immunitaire est encore relativement sain semble donc être efficace dans la prévention, puisqu'elle permet de réduire de 96 % les risques de transmission du VIH au partenaire séronégatif du couple. En plus de ces résultats très encourageants, la prise d'un traitement anticipé permettrait également de réduire significativement les risques de tuberculose extrapulmonaire (17 cas contre 3), mais pas les décès (13 contre 10). 

    Généralisation du traitement de prévention ?

    Les résultats sont si significatifs aux yeuxyeux des scientifiques qu'ils ont pu être communiqués quatre ans avant la date de fin d'étude, originellement fixée en 2015. Les couples vont néanmoins continuer à être suivis sur une duréedurée minimale d'un an supplémentaire.

    Selon le communiqué de l’Onusida, « la mise à disposition du traitement de prévention va non seulement encourager les personnes à effectuer un dépistagedépistage sur le VIH, mais également les inciter à révéler leur statut sérologique, à discuter des options de prévention anti-VIH avec leur partenaire et à se rendre dans les services centraux anti-VIH ». L'OMS et l'Onusida désirent maintenant rendre accessible ce traitement de prévention à toutes les personnes qui souhaitent l'utiliser.