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Le vaccin est constitué d'une construction moléculaire ressemblant à un virus (en bleu) portant des récepteurs spécifiques de l'angiotensine II, un puissant vasoconstricteur. © Cytos Biotechnology
Dans la revue médicale The Lancet, une équipe de chercheurs de Cytos Biotechnology présente une nouvelle voie thérapeutique originale contre l'hypertension artérielle : la vaccination. L'étude en est à la phase 2. Dans la terminologie des essais obligatoires avant la mise sur le marché d'un médicament prometteur, elle correspond aux premiers essais sur des petits groupes de patients souffrant de la maladie.
La cible de ce vaccin est l'angiotensine II, une moléculemolécule (un peptide) bien connue pour son rôle vasoconstricteur, conduisant donc à l'augmentation de la pressionpression sanguine. Elle est déjà visée par les deux principales familles de médicaments contre l'hypertension, les uns bloquant son action (par fixation sur ses récepteurs habituels) et les autres empêchant sa synthèse dans les cellules.
L'équipe, dirigée par Martin Bachmann (le responsable scientifique de l'entreprise suisse), a créé une particule virale, de même structure qu'un virus, portant sur sa surface des récepteurs spécifiques de l'angiotensine II. Injectées dans le système sanguin, ces particules s'accrochent à toutes les molécules d'angiotensine II qu'elles rencontrent. Ce faisant, elles attirent les foudresfoudres du système immunitairesystème immunitaire qui fabrique des anticorpsanticorps dirigés contre l'angiotensine II, alors reconnu comme un élément d'un virus. Durant un certain temps, l'organisme devrait ainsi détruire ses propres molécules d'angiotensine. C'est du moins ce qu'espéraient les chercheurs et c'est semble-t-il bien ce qui a été observé.
Résultats prometteurs
Ce vaccin potentiel (CYT006-AngQb) a été injecté à 72 patients souffrant d'hypertension à des degrés divers. Après la première injection, deux autres ont été effectuées, un mois puis trois mois plus tard. Un groupe a reçu une dose faible, un deuxième une dose trois fois plus forte et le troisième un placeboplacebo. Durant tout le temps de l'expérience, les patients portaient un appareil enregistrant en permanence leur tension.
Les résultats montrent bien un effet hypotenseur, plus important dans le groupe ayant reçu une dose plus forte. Sans donner d'explications, les auteurs indiquent que la tension est minimale le matin de bonne heure... Des effets secondaires sont apparus chez quelques patients, comme des symptômessymptômes grippaux et de légères irritations sur la peau aux endroits des injections.
Pour l'instant, le vaccin doit encore faire les preuves de son efficacité, de son innocuité et de son intérêt. La phase 3, portant sur un nombre de patients beaucoup plus grand, devra répondre au premier point. Quant à l'innocuité, on peut remarquer que la méthode est assez violente, consistant ni plus ni moins à provoquer une réaction auto-immune. La méthode de la vaccination devra aussi démontrer qu'elle fait mieux que les hypotenseurs habituels. Le produit actuel, par exemple, exige plusieurs injections par an. En 2005, Cytos Biotechnology avait déjà étudié jusqu'en phase 2 un vaccin contre l'obésitéobésité (voir le document PDF) mais ce projet n'avait pas abouti.