Malgré le bon respect des mesures d’hygiène, des Américains venant d’être tatoués ont présenté des éruptions cutanées sur les zones concernées. Le coupable, la bactérie Mycobacterium chelonae, résidait dans l’encre noire utilisée…

au sommaire


    La pratique du tatouage est devenue un phénomène de société. Aux États-Unis, une personne sur cinq serait tatouée. En 2010, un sondage révélait qu'un Français sur dix avait passé le cap. Si les pratiques apparaissent de plus en plus réglementées, le risque zéro n'existe pas... y compris d'ailleurs si les règles élémentaires d'hygiène sont respectées. C'est ce que nous rappellent des médecins américains dans la dernière livraison du New England Journal of Medicine. Exemple concret à l'appui.

    L'histoire se déroule aux États-Unis. Plus précisément à Rochester, une ville située dans l'État de New York. En janvier dernier, un dermatologue alerte le Département de santé publique sur plusieurs cas d'éruptions cutanées - caractérisées par l'apparition de boutons rouges sur la zone tatouée - dues à une bactérie : Mycobacterium chelonae.

    En quelques jours, les chercheurs découvrent 19 cas (13 hommes et 6 femmes), tatoués entre octobre et décembre 2011, dans le même salon. Alertés, la Food and Drug AdministrationFood and Drug Administration (FDA) et les Centers for Disease ControlCenters for Disease Control and Prevention (CDC) d'Atlanta prennent l'enquête en main.

    <em>Mycobacterium chelonae</em>, ici vue au microscope électronique à balayage, n'est pas une bactérie très pathogène et cause très rarement des infections. Mais lorsqu'elle est directement injectée sous la peau, le travail lui est facilité... © Janice Haney Carr, CDC, DP

    Mycobacterium chelonae, ici vue au microscope électronique à balayage, n'est pas une bactérie très pathogène et cause très rarement des infections. Mais lorsqu'elle est directement injectée sous la peau, le travail lui est facilité... © Janice Haney Carr, CDC, DP

    Des mycobactéries dans l’ancre des tatouages

    Les premiers soupçons se portent sur le tatoueur, lequel est rapidement mis hors de cause. Les bonnes pratiques d’hygiène (outils stérilisés, port de gants...) ont semble-t-il été respectées. Les investigateurs se tournent alors vers une nouvelle encre noire prédiluée que le professionnel utilisait depuis quelques mois.

    Ils remontent ainsi jusqu'au fournisseur, situé à Atlanta. Et là, surprise ! Les prélèvements effectués dans des bouteilles d'encre non ouvertes font apparaître la présence de la bactérie en question. Mais aussi d'autres germes comme Mycobacterium fortuitum et encore Mycobacterium abscessus. Un défaut sur la chaîne de production pourrait ainsi être en cause.

    Les risques cachés des tatouages

    Les CDC ont alors procédé à un rappel des produits concernés et ont lancé une alerte au niveau national. Ils rapportent également plusieurs autres cas d'infections dans différents États américains. Les patients ont été traités par antibiotique et ont vu leur état s'améliorer.

    Dans le New England Journal of Medicine, les auteurs précisent que « même si les standards les plus élevés en matièrematière d'hygiène et de sécurité sanitaire sont respectés, il demeure toujours un risque d'infection par l'utilisation d'une encre contaminée. Les personnes qui se font tatouer doivent en être conscientes... ». Et alerter leur médecin généraliste ou leur dermatologue au moindre doute.