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La cigarette électronique, bien moins nocive de l'avis des spécialistes que les cigarettes classiques, pourrait être une réelle aide antitabac, au moins aussi efficace que le patch nicotinique. © Jakemaheu, Wikipédia, DP
La cigarette électronique : un gadget dangereux pour la santé ou une véritable aide au sevrage tabagique ? Le débat n'a pas encore été officiellement tranché, et le Parlement européen devrait pourtant être amené à statuer dans les prochaines semaines sur la place à accorder à l'e-cigarette. Si elle devait être considérée comme un outil thérapeutique, alors sa distribution serait limitée aux pharmacies, ce qui diminuerait sa disponibilité puisqu'elle deviendrait interdite en magasin à partir de 2016.
Les députés devront composer avec les études scientifiques les plus récentes. Dans son numéro de ce mois-ci, le magazine 60 millions de consommateurs montrait que la cigarette électroniquecigarette électronique produisait dans sa vapeur des composés toxiques et cancérigènes. L'enquête a été vivement critiquée par certains, qui pointaient du doigt le fait que la combustioncombustion du tabac engendre la formation d'autres moléculesmolécules bien plus nocives encore.
La semaine passée, un cardiologuecardiologue grec évoquait d'ailleurs lors d'un congrès à Amsterdam que la circulation sanguine des « vapoteurs » n'était pas mise à mal, contrairement à celle des fumeurs. Entre autres, les niveaux de monoxyde de carbone dans le sang n'augmentaient pas avec la cigarette électronique, à l'inverse de la cigarette classique. Or, ce gazgaz est nocif pour la santé, car il entre en compétition avec le dioxygène pour le transport par l'hémoglobine.
E-cigarette vs patch : une efficacité comparable
Désormais, ce sont les travaux de Christopher Bullen, de l'université d’Auckland (Nouvelle-Zélande), et de ses collaborateurs qui pourraient aider le Parlement européen à prendre une décision. D'après leur étude, en accès libre dans The Lancet, la cigarette électronique serait au moins aussi efficace que le patch nicotinique pour aider au sevrage tabagique.
Les patchs nicotiniques constituent l'une des armes les plus utilisées dans le sevrage tabagique. Peuvent-ils être remplacés par l'e-cigarette ? © RegBarc, Wikipédia, cc by sa 3.0
En tout, 657 fumeurs désireux d'arrêter ont pris part à cette recherche. Ils étaient divisés en trois groupes :
- 289 d'entre eux étaient invités à s'aider de la cigarette électronique contenant 16 mg de nicotine, durant 13 semaines ;
- 295 autres devaient porter un patch pendant le même laps de temps ;
- enfin, les 73 derniers « vapotaient » une cigarette électronique sans nicotine, en guise de placébo.
Quel taux d'abstinence à six mois ? Globalement, ils étaient 5,7 % à avoir arrêté de fumer. Pour les consommateurs d'e-cigarettes, la proportion s'élève à 7,3 %, contre 5,8 % avec le patch. Mais les chiffres sont trompeurs car, d'un point de vue statistique, l'écart n'est pas significatif. Autrement dit, l'efficacité des deux outils est jugée comparable dans cette étude.
La cigarette électronique, futur outil de santé publique ?
Mais l'analyse va plus loin. Pour ceux qui n'ont pas pu arrêter, 57 % des adeptes de la cigarette électronique à base de nicotine ont divisé par deux leur consommation tabagique, contre 45 % avec le placébo, et 41 % avec le patch. Bien qu'il y ait eu rechuterechute pour ces volontaires, celle-ci est intervenue en moyenne après 35 jours d'abstinence pour les vapoteurs, contre seulement 14 jours pour leurs homologues avec un patch.
D'autres chiffres encore sont à l'avantage de l'e-cigarette. Elle est toujours utilisée par un tiers des fumeurs 6 mois après le début de l'étude, alors qu'ils ne sont que 8 % à avoir gardé le patch. En outre, près de 90 % (88 % avec nicotine, 92 % sans nicotine) des utilisateurs de cigarette électronique seraient prêts à la recommander à des amis dans la même situation qu'eux, contre 56 % dans le cas du patch. Dans les mentalités, une solution semble donc réellement surpasser l'autre.
Quel avenir alors pour la cigarette électronique ? Certains l'imaginent déjà comme un outil de santé publique permettant de réduire la consommation tabagique. Cependant, on ignore encore ses effets à long terme, ce qui invite à faire preuve de prudence. Le débat reste ouvert.