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De longues nuits au jeune âge seraient un gage de bonne santé. Est-ce vraiment une grande surprise ? © ntr23 / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)
Plus d'un quart (26%) des petits de deux ans et demi qui dorment moins de 10 heures par nuit sont en surpoids à l'âge de 6 ans. En revanche, la proportion ne dépasse pas 15% chez les enfants qui dorment 10 heures par nuit et tombe même à 10% chez ceux s'offrant des nuits de 11 heures.
C'est ce qu'affirme Jacques Montplaisir, spécialiste du sommeil à l'Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. Ces conclusions reposent sur une étude menée sur 1.138 enfants de 2 à 6 ans et présentée au symposium ELDEQ (Étude longitudinale du développement des enfants du Québec).
Cette augmentation du risque de surpoids chez les enfants qui dorment trop peu aurait une explication hormonale. « Lorsque nous dormons moins, nous produisons plus de ghréline, une hormone secrétée par l'estomac et qui stimule l'appétit », explique le professeur Montplaisir.
Jacques Montplaisir, professeur au Département de psychiatrie et directeur du Centre d’excellence en médecine du sommeil de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. © Université de Montréal
Dormez bien
Ce constat corrobore d'ailleurs les résultats récemment publiés par Karine Spiegel, de l'Inserm, et ses collègues qui montraient l'incidence du manque de sommeil des adultes (devenu courant dans les pays développés) sur la fréquence des cas d'obésitéobésité et de diabètediabète.
L'étude québécoise démontre également que la sieste ne remplace pas le temps de sommeil nocturnenocturne perdu. En effet, les enfants qui dorment moins la nuit... ont aussi tendance à faire des siestes plus courtes.
La même étude montre aussi que le manque de sommeil est lié à l'hyperactivité de l'enfant. Parmi les sujets dormantdormant moins de 10 heures à l'âge de deux ans et demi, 22% étaient hyperactifs à six ans, soit deux fois plus que le taux observé chez ceux qui dormaient 10 ou 11 heures par nuit. Selon Jacques Montplaisir, c'est bien le manque de sommeil qui induit l'hyperactivité, et non l'inverse. Contrairement à l'effet produit chez l'adulte, une nuit trop courte provoque chez l'enfant, en général, un état d'excitation plus grand.
En conclusion, le médecin québécois suggère de s'intéresser bien davantage au sommeil des jeunes enfants et même de créer une spécialité pour que des professionnels puissent résoudre ces problèmes.