Aux États-Unis, la petite fille déclarée en rémission du VIH/Sida l’année dernière a été récemment testée positive au virus. À l’occasion d’un contrôle de routine, l’enfant présentait en effet des niveaux de VIH élevés et un taux de cellules immunitaires affaibli. Une déception. Pour autant, ce cas reste une source d’espoir pour la recherche contre la maladie.

au sommaire


    Aujourd’hui âgée de quatre ans, l’enfant en guérison fonctionnelle du Sida a été dépistée positive au cours d’un contrôle de routine. © Phovoir

    Aujourd’hui âgée de quatre ans, l’enfant en guérison fonctionnelle du Sida a été dépistée positive au cours d’un contrôle de routine. © Phovoir

    Début 2013, des médecins états-uniens annonçaient un cas unique. Une petite fille âgée de 2 ans était contrôleur après traitement. C'est ainsi que les spécialistes appellent les patients en rémission du VIH ayant été traités peu de temps après contamination sur une duréedurée limitée. C'est le cas de certains adultes, parmi lesquels les membres de la cohorte Visconti, étudiée par le docteur Astier Saez-Cirion, chargé de recherche dans l'Unité de régulation des infections rétrovirales, à l'institut Pasteur.

    Toutefois, le cas de cet enfant, surnommé le bébé du Mississippi, est unique par plusieurs aspects. Née d'une mère séropositiveséropositive, elle a reçu son traitement antirétroviral très précocement. Moins de 30 heures après sa naissance. Ensuite, elle n'a été traitée que pendant 18 mois, quand la plupart des autres cas connus l'ont été pendant au moins 3 ans. Perdue de vu par l'équipe médicale, l'enfant a cessé d'être traité pendant 5 mois. Ensuite, à nouveau examinée par un médecin, la prise de sang a montré que son organisme était capable, tout seul, de maintenir l'activité du virus à son plus bas niveau.

    Le VIH, ici représenté en rose, appartient au genre des lentivirus, des virus qui ont pour particularité d’exiger une longue période d’incubation avant de révéler leur pouvoir pathogène. © A. Harrison, P. Feorino, CDC, DP

    Le VIH, ici représenté en rose, appartient au genre des lentivirus, des virus qui ont pour particularité d’exiger une longue période d’incubation avant de révéler leur pouvoir pathogène. © A. Harrison, P. Feorino, CDC, DP

    La conclusion demeure : le traitement des nouveau-nés est efficace

    Malheureusement, son contrôle du virus a fini par être interrompu, près de quatre ans après l'arrêt du traitement. Dépistée séropositive au VIHVIH, elle a été placée sous antirétroviraux. « Il est certain qu'il s'agit là d'une déception pour la jeune enfant, l'équipe médicale ainsi que la communauté scientifique », note Anthony S. Fauci, directeur du NIAIDNIAID (National Institute of Allergy and Infectious Diseases). Toutefois, « on savait que c'était une possibilité, précise le docteur Astier Saez-Cirion. Depuis le début, les médecins suivant la petite fille détectaient systématiquement des traces d'ADNADN du virus dans ses cellules. »

    « On ne comprend pas encore bien le mécanisme qui permet à ces contrôleurs après traitement d'être en rémission sans antirétroviraux, indique le docteur Saez-Cirion. Il s'agit certainement d'un équilibre entre l'action du virus et la réponse de l'hôte. » Ainsi, « un traitement précoce pourrait peser en faveur de l'hôte en faisant baisser, de façon importante, la quantité de virus dans les cellules ».

    Malgré la tournure des événements, le cas précis de cette petite fille a permis de montrer qu'un traitement très précoce, chez un nouveau-né contaminé, pouvait permettre une rémission sur plusieurs années. « L'objectif est maintenant de savoir si la période de rémission peut être encore prolongée », indique le docteur Fauci. Pour cela, « les différentes études à l'œuvre actuellement dans le monde tentent de déterminer l'équilibre optimal entre le moment de l'initiation du traitement et sa durée », conclut Astier Saez-Cirion.