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OraQuick est un test de dépistage du VIH en vente libre aux États-Unis. Il devrait bientôt arriver en France. Son utilisation est facile et ne prend que 20 minutes avant d’obtenir un résultat. © streetsensedc, Flickr, cc by nc sa 2.0
Depuis sa découverte il y a plus de 30 ans, le virus du Sida n'en finit pas de donner du fil à retordre aux scientifiques du monde entier. Grâce aux progrès des traitements antiviraux, les personnes séropositivesséropositives peuvent désormais vivre aussi longtemps que les autres. Il reste cependant beaucoup d'obstacles à franchir avant de réussir à se débarrasser totalement du virus. Une étude récente montrait par exemple que les réservoirs viraux cachés dans les cellules étaient beaucoup plus nombreux que ce que l'on croyait jusque-là. Selon l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé, 34 millions de personnes dans le monde seraient aujourd'hui contraintes de vivre avec le virus.
La préventionprévention et le dépistage du Sida sont au cœur du dispositif de lutte contre le virus. Selon l'association Aides, 2,5 millions de personnes seraient infectées par le VIH chaque année dans le monde, dont plus de 6.000 en France. Ces chiffres déjà peu rassurants cachent une vérité encore plus inquiétante. L'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) estime en effet qu'environ 40.000 Français portent le virus du Sida sans le savoir.
Schéma explicatif du fonctionnement de l’autotest du Sida. En quelques étapes et une attente de 20 minutes, ce test détermine avec fiabilité si une personne est infectée par le virus. © Idé
Avec cinq millions de tests réalisés chaque année, la France fait pourtant office de bon élève en matièrematière de dépistage du Sida. Cependant, ce sont souvent les mêmes qui se font tester et certaines populations sont encore mises à l'écart. Depuis 1988, il existe des centres de dépistage anonymes et gratuits (CDAG), mais ils sont localisés uniquement dans les grandes villes. Le dépistage n'est pas toujours simple ailleurs, car il faut se procurer une ordonnance auprès d'un médecin avant de se rendre dans un laboratoire d'analyse.
Un test pour dépister le Sida chez soi en 20 minutes
Afin d'améliorer le dépistage et limiter le nombre de nouvelles infections, les autorités françaises devraient bientôt autoriser l'entrée sur le marché des autotests, des tests salivaires qui permettent à une personne de savoir rapidement si elle est porteuse du VIH. « Les autotests devraient être disponibles en France à partir de 2014 », a annoncé Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales et de la Santé. « On espère une annonce officielle le 1er décembre », a quant à lui indiqué Jean-Marie Legall, responsable des actions de recherche à Aides.
L'autotest, qui existe déjà aux États-Unis et au Royaume-Uni, est peu onéreux et très facile à utiliser. Il suffit de prélever un échantillon de salivesalive contenu dans les joues, composé d'un liquideliquide appelé transsudat issu de vaisseaux sanguins qui tapissent la bouche. Le tout est ensuite placé dans un solvantsolvant qui détecte les anticorps anti-VIH fabriqués par l'organisme. Après 20 minutes, une ligne apparaît au niveau de la zone test. C'est un peu comme un test de grossessetest de grossesse : une seule bande colorée et vous n'êtes pas infecté, deux bandes colorées et vous êtes séropositif.
Un encadrement est nécessaire
Tout comme les actuels moyens de dépistage, il faut attendre trois mois après un rapport à risque pour effectuer un autotest du VIH. D'après les différents essais cliniquesessais cliniques, l'autotest permettrait de détecter avec succès une séropositivité dans environ 92 % des cas, une fiabilité proche de ce que l'on retrouve pour les tests pratiqués aujourd'hui. En cas de séronégativitéséronégativité, la réponse est fiable à plus de 99 %. Les médecins recommandent cependant de confirmer une infection par une analyse de sang. La méthode autodiagnostique du VIH présente donc l'avantage de pouvoir être réalisée chez soi avec une réponse fiable et fournie rapidement. Les autorités espèrent qu'elle convaincra les personnes réticentes à se faire dépister.
Cependant, il a fallu plusieurs années avant que les associations de lutte contre le Sida soient convaincues par cet appareil de dépistage. Car quand une personne effectue le test, elle est seule face au résultat, sans aucun soutien d'un professionnel de santé. « Nous avons changé d'avis après la publication d'une enquête montrant qu'aux États-Unis les gens qui ne se dépistaient pas avant utilisaient aujourd'hui cet autotest, explique un membre de l'association Act Up. Nous nous sommes rendu compte que nos précautions éthiques étaient en décalage avec la pratique. » Pour encadrer les utilisateurs, une notice d'explication détaillée devrait accompagner chaque autotest. Mais surtout, une assistance téléphonique serait mise en place pour leur permettre de discuter et de trouver un soutien psychologique.