On dit souvent que ce n’est pas la taille qui compte. Cela dépend alors de quoi on parle. Car plusieurs études relient hauteur et intelligence, les plus grands réussissant mieux les tests de QI. Il semble que la génétique soit responsable des deux à la fois.


au sommaire


    Ce qui est petit est mignon. Ce qui est grand est intelligent. Si la première affirmation reste encore à prouver, la seconde vient d'être attestée par une équipe de chercheurs écossais, affiliésaffiliés à l'université d’Édimbourg. Il existerait des variations génétiques favorisant à la fois la taille et le quotient intellectuel (QI).

    Le contexte : un lien entre taille et intelligence déjà connu

    Des études scientifiques précédentes ont déjà révélé une corrélation entre la hauteur des personnes et leurs capacités intellectuelles. L'essentiel d'entre elles portaient sur des jumeaux ou des proches parents, dans le but d'évaluer l'impact de la génétique sur ces deux paramètres. Globalement, elles avaient conclu que 70 à 90 % de la taille étaient hérités de nos parents, tout comme 40 à 70 % du QI, le reste correspondant à l'effet de l'environnement. Les personnes les plus grandes partageraient également des similitudes génétiques avec les plus intelligentes, bien que la corrélation entre les deux reste faible.

    Ces paramètres seraient sous la dépendance de mutations fréquentes : les polymorphismes nucléotidiquespolymorphismes nucléotidiques simples (SNP). Il s'agit de variations ponctuelles d'une lettre dans un génome, qui peuvent avoir des conséquences visibles. Riccardo Marioni et ses collègues écossais ont donc souhaité tester de nouveau l'effet constaté chez les jumeaux, mais cette fois dans une population de personnes non apparentées. Des résultats en libre accès dans Behaviour Genetics.

    L’étude : la génétique explique 71 % de la corrélation

    Des prélèvements sanguins ont été effectués chez 6.815 individus du nord du Royaume-Uni, sans connexion les uns avec les autres, afin d'établir la carte des SNP intéressantes dans leur génome. La taille de chacun était déterminée, et tous ont participé à une série de 4 tests cognitifs afin d'évaluer leur intelligence : vitessevitesse de traitement, mémoire verbale déclarative, fonctions exécutives et vocabulaire étaient éprouvés.

    Les éventuelles corrélations entre grande taille et grande intelligence ont été observées afin d'étudier de potentiels liens avec la génétique. Les recherches sur les individus apparentés aboutissent à la même conclusion globale : la taille semble bel et bien être liée l'intelligence, certes modestement, mais de façon statistiquement significative.

     Dans la famille Dalton, le plus intelligent (si tant est qu’on puisse employer ce mot à son égard) est Joe, le frère le plus âgé et le plus petit. Tout l’inverse d’Averell, grande tige mais bête. © Universalweb, Wikipédia, cc by sa 3.0
    Dans la famille Dalton, le plus intelligent (si tant est qu’on puisse employer ce mot à son égard) est Joe, le frère le plus âgé et le plus petit. Tout l’inverse d’Averell, grande tige mais bête. © Universalweb, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Plus précisément, 58 % de la variabilité de la taille et 28 % des variations de l’intelligence seraient associées aux SNP, d'après la recherche. Les deux paramètres seraient liés avec une probabilité de 28 %, et la majorité (71 %) des corrélations phénotypiques s'expliqueraient par les concordances génétiques.

    L’œil extérieur : une problématique liée à la santé

    Cet effet peut s'expliquer par différentes hypothèses. Il est par exemple envisagé que taille et intelligence soient des caractères attractifs : les personnes grandes et celles fines d'esprit sont préférées aux autres, justifiant du fait que ces qualités s'entremêlent en partie, se transmettent aux descendants et continuent à être privilégiées. Cependant, pas de conclusions hâtives ni d'extrapolations irraisonnées : on peut être petit et particulièrement brillant, tout comme on peut avoir à baisser la tête avant de rentrer sans pour autant avoir inventé l'eau chaude. Il faut de tout pour faire un monde.

    Ce genre d'étude ne sert pas qu'à complexer davantage ceux qui ne se trouvent pas assez grands ou pas suffisamment intelligents. Elle rappelle aussi que taille et quotient intellectuel influent sur la santé, notamment cardiovasculaire ou mentale. Les petits sont davantage soumis au risque de crise cardiaquecrise cardiaque, tandis que les personnes au QI élevé échappent plus fréquemment aux maladies coronariennes, aux AVC, aux accidents ou au suicide. D'autre part, les personnes n'assumant pas leur petite taille sont plus enclines à développer des sentiments paranoïaques, à devenir jaloux ou méfiants.

    À contrario, être grand procure aussi quelques inconvénients. Les femmes les plus hautes développent davantage de cancers après la ménopause, tandis que soldats et athlètes de grande stature ont une espérance de vieespérance de vie plus faible que leurs homologues plus courts sur patte. L'essentiel, c'est que les pieds touchent par terre, comme disait Coluche. Une fois adultes, on ne peut plus changer la donne, et les années passant, on a tendance à se tasser. En revanche, l'intelligence, elle, se cultive tout au long de la vie.