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Surtout, ne se préoccuper que de soi et ne pas attirer l'attention. Telles sont, en résumé, les très grandes lignes d'un code de conduite à tenir pour un homme qui se rend dans des toilettes publiques. Toute entorse au règlement serait perçue comme une provocation qui pourrait déboucher sur un conflit direct. Alors la gent masculine manifeste de la tension devant l'urinoir, tandis que les femmes, elles, profitent de cette occasion pour socialiser...
Le contexte : la parurésie, ou urinophobie
Selon les études, entre 1 et 7 % de la population souffrirait de parurésie. Ce nom technique s'applique aux personnes ayant la phobie d'uriner en public. Car ce n'est pas l'acte en lui-même qui fait peur, mais plutôt le contexte. Ce trouble toucherait à 90 % des hommes, très mal à l'aise au moment de remplir une fiole lorsqu'un médecin prévoit une analyse d’urine par exemple.
Mais la crainte du regard des autres se produirait aussi dans des situations bien plus banales : les toilettes publiques. Hommes et femmes vivent-ils la situation de la même façon ? Des scientifiques de l'University of London se sont interrogés sur le sentiment d'insécurité et d'anxiété quand est venue l'heure de vider sa vessie en public. Leurs résultats, parus dans le British Journal of Criminology, font état de larges différences entre les sexes...
Le Manneken-Pis, l'un des symboles de la ville de Bruxelles, ne souffre visiblement pas de parurésie. Cette fontaine représentant un petit garçon en train d'uriner est célèbre dans le monde entier. Certains jours de l'année, il offre même de la bière... © drhenkenstein, Fotopédia, cc by sa 2.0
L’étude : les hommes n’ont qu’à bien se tenir
Pour obtenir les données, les chercheurs ont interrogé des volontaires, garçons ou filles, à la sortie de toilettes de barsbars, de discothèques, de centres commerciaux ou de musées. La gent féminine déclare la grande majorité du temps ne ressentir aucune peur mais profite de l'occasion pour socialiser ou discuter avec des amies.
En revanche, le son de cloche est diamétralement opposé dans le discours qui ressort majoritairement des urinoirs publics. Certains avouent se sentir stressés et intimidés au moment où ils franchissent la porteporte à tel point qu'ils ne peuvent pas uriner et qu'ils se retiennent. Dans cet universunivers particulier, les règles changent. De manière tacite, un code de bonne conduite s'instaure. Rester discret, se focaliser sur soi, ne croiser aucun regard, ou bien on risque de déclencher la colère et pourquoi pas l'agressivité des autres.
Il semble que les garçons craignent d'être vus autant que de passer pour des voyeurs. Pour limiter au maximum la promiscuité, il est malvenu de se placer à côté d'un homme en train de faire pipi s'il reste des urinoirs libres. Ce serait pris pour une provocation. La peur que cela ne dégénère rend le moment très inconfortable.
L’œil extérieur : changer l'arrangement des toilettes publiques
En guise de conclusion, les auteurs soulèvent leur étonnement face à une situation qu'ils n'avaient pas mesurée auparavant. Pour eux, ces espaces publics sont mal dessinés. Il faudrait les organiser différemment pour faire retomber l'anxiété et que chacun puisse aller remplir ses besoins physiologiques en paix.
L'analyse n'est cependant pas poussée plus loin. On ne saura donc pas précisément pourquoi les hommes sont plus sensibles à la peur que les femmes dans ce contexte. Est-ce pour des questions d'intimité, ces dames étant enfermées dans une pièce quand les hommes sont tous les uns à côté des autres ? Y a-t-il à voir avec une question de virilité ? Ou est-ce autre chose encore ? Le mystère reste entier...