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Les tiques infectées sont des vecteurs de la maladie de Lyme, une infection qui est encore contrôlée aux États-Unis par la présence d'espèces tampons, les opossums. © Nico&Co, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
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La biodiversitébiodiversité est d'autant plus à préserver qu'elle serait le garant de la santé humaine. En effet, des chercheurs américains du Cary Institute of Ecosystem Studies à Millbrook ont pu montrer que la disparition des espècesespèces, aussi bien visibles (animaux) qu'invisibles (bactéries) provoquerait une augmentation des maladies infectieuses.
Les pathogènes responsables des maladies sont impliqués dans des relations interespèces qui incluent au moins deux protagonistes : un parasiteparasite (bactérie, champignonchampignon, virus...) et un hôte. Mais en général, d'autres espèces entrent en jeu, ce qui complique les interactions. En ce qui concerne les maladies humaines, on peut citer les vecteurs de transmission, qui peuvent être des insectesinsectes (paludisme), des mammifèresmammifères (rage), des oiseaux (grippegrippe)...
Pour comprendre l'évolution d'une maladie infectieuse, il faut alors prendre en compte toutes les espèces impliquées dans la vie du pathogène. Il existe aussi des espèces « tampons », qui peuvent empêcher le pathogène d'être transmis à l'homme. La disparition de ce genre d'espèces peut alors favoriser l'infection d'autres espèces plus aptes à transmettre la maladie à l'homme.
Les espèces les plus infectieuses dominent
C'est le cas de la maladie de Lymela maladie de Lyme, transmise par des morsuresmorsures de tiques infectées par une bactérie (Borrelia). Aux États-Unis, la tique se nourrit du sang de la souris à pattes blanches ou de l'opossumopossum. La souris est souvent porteuse de la bactérie, alors que l'opossum n'est que peu fréquemment infecté.
Si l'opossum, espèce tampon, est présent en grande quantité, les tiques se nourriront préférentiellement sur cet animal et ne contracteront que rarement la bactérie. La disparition des opossums liée à la destruction des forêts mène les tiques à se nourrir sur les souris à pattes blanches, à s'infecter et à transmettre davantage la maladie de Lyme à l'homme.
L'opossum est une espèce tampon pour la maladie de Lyme. © Cody Cope, Wikimedia, CC by-sa 2.5
Autre exemple, le virus du Nil occidentalvirus du Nil occidental est transmis à l'homme par le moustiquemoustique et infecte aussi les oiseaux de l'ordre des Passereaux. Trois études récentes auraient montré une corrélation entre une faible diversité d'oiseaux et une augmentation de l'incidenceincidence des encéphalitesencéphalites aux États-Unis. Les régions à faible diversité aviaire avaient tendance à contenir une majorité d'espèces vectrices du virus, alors qu'une biodiversité plus importante comprenait beaucoup d'espèces moins vectrices.
Le même effet a été constaté sur les vecteurs du Hantavirus : les risques de transmission à l'homme (et de développer le syndromesyndrome pulmonaire associé) sont plus importants lorsque la biodiversité des rongeursrongeurs vecteurs diminue, car ils sont alors eux-mêmes plus nombreux à être infectés. L'apparition de nouvelles espèces compétitrices peut même aider à éviter des infections mortelles, comme l'addition d'une bactérie sur la peau de grenouille qui leur permet de survivre à une infection mortelle pour les AmphibiensAmphibiens (chytridiomycose).
« Une plus forte biodiversité est protectrice »
Si les scientifiques ne comprennent pas pourquoi les espèces les plus sensibles aux pathogènes sont aussi celles qui résistent le mieux à la réduction de la biodiversité, la biodiversité est définitivement un atout pour la santé de l'homme et des autres animaux, du moins pour les espèces pathogènes déjà bien établies.
Car depuis 60 ans sont apparues pas moins de 300 évolutions concernant les maladies infectieuses : des changements d'hôte (VIHVIH, SRASSRAS), l'acquisition de résistancerésistance (staphylocoque doré résistant) ou encore des évolutions géographiques des épidémiesépidémies. Mais selon les auteurs, les modifications de l'activité humaine seraient au moins aussi responsables de ces évolutions que la biodiversité.
« La biodiversité peut être une source de nouvelles maladies, mais une fois qu'une maladie émerge, une plus forte biodiversité est protectrice », explique Felicia Keesing, un des auteurs de la revue publiée dans Nature. Il faut donc également inverser les rôles et protéger la biodiversité à tout prix !