L’électro-encéphalographie et l’imagerie cérébrale sont souvent assimilées, pour le grand public, à une sorte de lecture dans les pensées. A tort... enfin presque. Une équipe américaine vient d’effectuer un pas en ce sens.
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Marcel Just, du département de psychologie et Tom Mitchell, spécialisé en intelligence artificielleintelligence artificielle et dans les méthodes d'apprentissage pour ordinateursordinateurs, ont pris la tête d'une équipe du Center for Cognitive Brain Imaging de l'université de Carnegie Mellon (Pittsburgh, Pennsylvanie) pour tenter de cartographier, à l'intérieur du cerveau humain, la représentation d'objets simples.
Dans la série d'expériences qu'ils ont imaginées, une série de dix dessins représentant cinq outils et cinq maisons étaient présentés à un groupe de volontaires, tandis que leurs ondes cérébrales étaient analysées. Précisons d'emblée que l'examen ne portait pas sur le cortex visuel des sujets, mais sur l'ensemble du cerveau dont il s'agissait de cartographier les régions actives. C'est donc bien sur la pensée des hommes et des femmes formant le groupe que les chercheurs se penchaient.
L'équipe a constaté que chaque objet induit une trace dans le cerveau qui ne se limite pas à une seule zone, mais excite plusieurs endroits distincts. Ainsi, lorsqu'on présente un marteau, la personne répond non seulement au stimulus de l'objet, mais s'imagine aussi en train de l'utiliser, ce qui active d'autres zones.
Mais il y a plus intéressant. Les scientifiques se sont aperçus que ces associations mentales diffèrent peu d'un individu à l'autre. Elles forment une sorte de code universel permettant effectivement, dans une certaine mesure, de deviner la pensée d'un sujet. Passant de l'observation à la pratique, les expérimentateurs ont pu, dans 78 % des cas, deviner quel objet était présenté aux cobayes, à la seule vue des données de l'imagerie par résonance magnétiqueimagerie par résonance magnétique.
Le premier EEG, enregistré par Hans Berger en 1929. Source : Berger H. Über das Elektrenkephalogramm des Menchen. Archives für Psychiatrie. 1929
Du concret à l’abstrait
Jusqu'à présent, les expériences se sont volontairement limitées à des images d'outils et de maisons, mais il est pratiquement acquis que leur réussite s'étendra à d'autres objets. S'il est démontré que tous les individus d'un groupe représentatif pensent un peu de la même manière à une maison ou à un marteau, divergeront-ils en présence d'objets plus complexes, voire d'idées abstraites ?
Le professeur John Dylan Haynes, du Max PlanckMax Planck Institute for Human Cognitive and Brain Sciences (Leipzig, Allemagne), pense que « plus une pensée est détaillée, plus les structures observées divergent. Parce que les gens développent des associations différentes pour un objet ou une idée. Nous sommes encore très loin d'une machine universelle à lire les pensées, même si nous en sommes beaucoup plus proches qu'il y a deux ans ».
Forte de premiers résultats aussi encourageants, l'équipe de Marcel Just et Tom Mitchell a décidé de passer à l'étape suivante et d'entreprendre une nouvelle série d'expériences, en mettant en jeu des concepts abstraits, des mots et des phrases. On en reparlera sans doute...