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Les voyageurs ne ramènent pas que des bons souvenirs des pays lointains. Ils peuvent ainsi porter des gènes de résistance aux antibiotiques. © Nathan Rupert, Flickr, CC by-nc-nd 2.0
« Les antibiotiques, c'est pas automatique ! », tel était le slogan de la campagne visant à limiter l'utilisation des antibiotiques en médecine. En effet, l'utilisation inappropriée de ces médicaments participerait à l'émergenceémergence des résistancesrésistances aux antibiotiques chez des bactéries pathogènes. Il devient aujourd'hui de plus en plus difficile de traiter certaines infections bactériennes à cause de ces résistances. Mais l'abus de médicaments antibiotiques est-il le seul responsable de cette résistance ?
D'après un article paru dans la revue Antimicrobial Agents and Chemotherapy, d'autres facteurs pourraient participer à la fréquence de ces résistances. Des chercheurs des universités de Gothenburg, Stockholm et Umeå, en Suède, ont étudié la présence de plus de 300 gènes de résistance aux antibiotiques dans la flore intestinale de 35 étudiants suédois qui participaient à un programme d'échange avec l'Inde ou l'Afrique centrale. Leurs échantillons fécaux ont été testés avant et après leur séjour.
Résultats : globalement, la diversité et la composition du microbiome intestinal restait stable avant et après le voyage. Mais l'abondance relative des gènes de résistance aux antibiotiques augmentait. Cela concernait surtout les gènes de résistance au sulfonamide (multipliés par un facteur 2,6), au triméthoprime (multipliés par un facteur 7,7) et aux bêtabêta-lactames (multipliés par un facteur 2,6).
L’abus d’antibiotiques en médecine ne serait pas seul responsable de l’augmentation des résistances. © Global Panorama, PublicDomainPictures, Pixabay, Flickr, CC by-sa 2.0
La flore intestinale véhicule des gènes de résistance
Sur les 18 étudiants partis en Inde, 12 ont acquis des souches E. coli productrices de BLSE (béta-lactamases à spectrespectre étendu) alors qu'aucun étudiant de retour d'Afrique n'en avait. Or les bêta-lactamases BLSE inactivent les pénicillines et des antibiotiques proches. Avant le départ, seul un étudiant sur 35 avait ce type de résistance dans son microbiome.
Il faut noter également qu'aucun des étudiants n'a pris d'antibiotique avant ou pendant le voyage. Cela signifie que l'augmentation observée dans la présence des gènes de résistance pourrait provenir de l'ingestioningestion d'aliments contenant des bactéries résistantes, ou d'eau contaminée.
En définitive, les voyageurs, en changeant de continent, participeraient à la dispersion des résistances aux antibiotiques dans le monde. C'est d'autant plus inquiétant qu'il s'agit d'antibiotiques couramment utilisés. « Je suis un médecin spécialisé dans les maladies infectieuses, et j'ai vu des antibiotiques sur lesquels je pouvais compter en toute sécurité il y a dix ans être incapables de guérir mes patients », a déclaré Anders Johansson, un des auteurs de l'article. D'après lui, « il est très évident que la résistance n'est plus générée principalement dans l'hôpital », mais que les patients y apportent des bactéries ayant des gènes de résistance.