Les régimes sont à la mode, semblent à priori peu dangereux, mais s’attirent les foudres de l’Anses. Dans un rapport consacré aux régimes d’amaigrissement, l'agence met en avant les risques et l’inefficacité de ces pratiques.
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Les régimes peuvent mener à des troubles du comportement alimentaire, comme l'anorexie. © St4rbucks, Flickr, CC by-nc-nd 2.0
Le surpoids et l'obésité, définis par un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 25 ou 30, touchent respectivement 31,9 % et 14,5 % des adultes en France. Certaines maladies associées (diabètes, maladies cardiovasculaires...) sont un vrai problème de santé publique et nécessitent la réalisation de pratiques alimentaires d'amaigrissement, autrement dit de régimes. Pourtant, ces régimes ne concernent pas qu'eux.
Alors qu'ils devraient être suivis par des médecins ou des nutritionnistesnutritionnistes, certains et surtout certaines (60 % des femmes souhaitent perdre du poids, contre 44 % des hommes) dont l'IMC est dans la norme, improvisent leur propre régime sur la base des on-dit véhiculés par la presse, InternetInternet, pour éliminer quelques kilos et espérer perdre une taille. Hypermédiatisé, le culte du corps parfait entraîne alors des comportements parfois excessifs et souvent peu respectueux du corps, qui ont inquiété le ministère de la Santé.
Des régimes souvent inutiles
L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a alors réalisé un rapport évaluant les risques liés aux régimes d’amaigrissement, en corrélant les apports nutritionnels estimés à la littérature scientifique ayant étudié les conséquences de carences spécifiques.
Ils ont ainsi analysé les conséquences d'une quinzaine de régimes, sélectionnés parmi les plus populaires (Atkins, Dukan, Ornish...). Les régimes analysés peuvent être classés suivant les apports qu'ils confèrent en macronutriments (glucidesglucides, lipideslipides, protéinesprotéines).
Parmi les régimes étudiés, les apports énergétiques quotidiens varient de 574 à 2.600 kilocalories, alors que les apports nutritionnels conseillés (ANCANC) oscillent entre 1.800 à 2.200 en fonction du sexe. Par rapport aux ANC, les quantités de protéines sont trop élevées dans 80 % des régimes et l'apport en glucides est trop faible pour la quasi-totalité des régimes. L'alimentation en phase de régime ne permet souvent pas d'atteindre les BNM (moyenne des besoins individuels) de certaines vitaminesvitamines, du fer ou des fibres.
En conclusion et sans surprise, le rapport indique un déséquilibre nutritionnel important car les apports sous régime sont inadaptés à l'alimentation omnivoreomnivore de l'Homme. Celui-ci, qui doit couvrir ses besoins essentiels en macro et micronutriments, sous peine de mettre à rude épreuve son organisme, subit donc des perturbations physiologiques et des modifications profondes de son métabolismemétabolisme énergétique.
Inefficacité... et même danger
Les régimes amaigrissants sont en général délétères pour le capital osseux (perte de masse osseuse, ostéopénie et risque fracturaire) et chaque type de régime a son lot de dangers : les hypocaloriques peuvent mener à un arrêt du cœur, les hyperprotéiques sont mauvais pour les reinsreins, les hypoglucidiques sont fréquemment associés à des troubles digestifs passagers, les hypolipiques entraînent un profil lipidique athérogèneathérogène... D'un point de vue psychologique, les régimes peuvent également entraîner des troubles du comportement alimentaire.
De plus, la torture du corps et de l'esprit n'est pas récompensée. Les modifications profondes du métabolisme énergétique du corps mènent souvent à une reprise de poids, issue fatale chez 80 % des personnes au régime. En général, le poids repris après régime est majoritairement de la masse grasse et non de la masse musculaire et il est souvent supérieur au poids perdu au cours du régime. Cela s'expliquerait par une diminution de la dépense énergétique basale au cours de la phase de régime, qui se maintiendrait à un niveau bas même avec une alimentation redevenue normale. La pratique d'un sport, facteur stabilisant permettant d'équilibrer les apports et les dépenses énergétiques, est donc nécessaire.
La modification de l'alimentation pour perdre du poids doit être initiée uniquement sous avis médical, et au cas par cas. L'AnsesAnses rappelle que « rien ne peut remplacer, pour la santé, une alimentation équilibrée, diversifiée, en veillant à ce que les apports énergétiques journaliers ne dépassent pas les besoins ».