En utilisant des souris malades fortement susceptibles de développer des cancers des globules blancs, des chercheurs ont mis en évidence l’influence de la flore intestinale sur l’apparition de ces maladies. Cette découverte pourrait conduire à l’élaboration d’un traitement probiotique pour lutter contre les lymphomes.

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    Les globules blancs, ou cellules immunitaires, interviennent dans la lutte contre les infections. Les deux principaux types sont les lymphocytes et les macrophages. Ces cellules peuvent également devenir cancéreuses et induire le développement d’un lymphome. © Anne Weston, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Les globules blancs, ou cellules immunitaires, interviennent dans la lutte contre les infections. Les deux principaux types sont les lymphocytes et les macrophages. Ces cellules peuvent également devenir cancéreuses et induire le développement d’un lymphome. © Anne Weston, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    L'influence de la flore intestinale sur la santé n'est plus à prouver. Les recherches qui abondent sur le sujet montrent l'existence d'un lien entre les microbes du tube digestif et un certain nombre de pathologies comme l'obésité et le diabète de type 2. Les micro-organismes influenceraient même le système nerveux et les comportements humains ! Ces résultats ne sont pas vraiment surprenants, compte tenu de l'importance du microbiote chez l'Homme. Le corps humain abriterait en effet plus de 500 espèces de bactéries différentes, ce qui représenterait environ 100.000 milliards de cellules, soit 10 fois plus que de cellules humaines.

    Image de microscopie électronique à balayage de <em>Lactobacillus johnsonii</em>. Cette espèce bactérienne limite le risque de développement d’un lymphome chez la souris. Le mécanisme de cette protection est encore inconnu. © Kathryn Cross, IFR, DP
     
    Image de microscopie électronique à balayage de Lactobacillus johnsonii. Cette espèce bactérienne limite le risque de développement d’un lymphome chez la souris. Le mécanisme de cette protection est encore inconnu. © Kathryn Cross, IFR, DP

    Des chercheurs de l'UCLA's Jonsson Comprehensive Cancer Center à Los Angeles ont récemment étudié l'impact de la flore intestinale sur l'apparition de lymphomes, des cancers qui touchent les cellules de l’immunité. Selon la Haute autorité de santéHaute autorité de santé, ces maladies toucheraient presque 11.000 personnes et en tueraient près de 5.000 par ans en France. Ces chiffres inquiétants montrent la nécessité d'étudier les lymphomeslymphomes et de décrypter les facteurs qui déclenchent leur apparition. Les résultats de l'étude américaine sont publiés dans la revue Cancer Research.

    La flore intestinale liée au cancer des globules blancs

    Pour cette étude, les scientifiques ont utilisé des souris souffrant d'ataxieataxie télangiectasie, ou syndromesyndrome de Louis-BarBar, une maladie génétique qui se caractérise entre autres par un risque élevé de développer un lymphome. Cependant, bien que souffrant toutes de la même maladie, les souris n'avaient pas la même probabilité de voir apparaître un lymphome. Afin de déterminer l'origine de cette différence, les chercheurs ont établi un arbre phylogénétique des populations microbiennes de chaque souris, grâce à une technologie de séquençage d'une petite région d'ADNADN.

    Leurs résultats montrent que la flore intestinale influence l'apparition de lymphomes. Les souris les plus touchées ne possèdent pas l'espèceespèce Lactobacillus johnsonii, une bactérie probiotique dont l'effet sur la santé humaine est bénéfique. D'autre part, en nourrissant les souris avec cette bactériebactérie, les auteurs ont pu réduire les dégâts génétiques et le développement de lymphomes. « Cette étude est la première à souligner un lien entre la flore intestinale et les lymphomes », explique Robert Schiest, le directeur de cette étude.

    Grâce à ces expériences, les auteurs ont réussi à établir une liste détaillée des bactéries pouvant favoriser la formation de lymphomes. Ces résultats pourraient être utilisés pour mettre au point un traitement stimulant la croissance des bonnes bactéries, tout en luttant contre les mauvaises.