au sommaire
Des particules virales de la grippe. Crédits DR.
Le virus de la grippe évolue en permanence, menant au développement coûteux mais obligatoire de nouveaux vaccins chaque année. Dans l'urgence de pandémies comme celle du H1N1, les vaccins sont attendus avec angoisse. Ce genre de problème est peut-être en passe d'être évité, grâce aux résultats de chercheurs américains du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID), qui ont mis au point un système de vaccination, efficace sur plusieurs souches grippales.
Leurs études se sont focalisées sur l'utilisation d'un duo de vaccin, réalisé en deux étapes :
- premièrement, l'injection d'un morceau d'ADN codant pour la protéine HA (hémagglutininehémagglutinine) du virusvirus de 1999, pour activer le système immunitairesystème immunitaire ;
- deuxièmement, l'administration, plus tard, d'un vaccin de grippegrippe saisonnière (de 2006-2007) ou d'un vaccin créé à partir d'un adénovirusadénovirus codant pour la protéine HA, afin de relancer le système immunitaire.
Tous ces virus appartiennent au sous-type H1N1. L'association d'une primo-vaccination par l'ADN, et d'un rappel par des protéines, constitue une stratégie de vaccination que l'on appelle « prime-boost ».
Ces prime-boost ont été réalisés sur des animaux : des souris, des furets et des primatesprimates non-humains. A l'inverse d'une vaccination classique, le prime-boost semble permettre la synthèse d'anticorpsanticorps dirigés contre la partie en tige de la protéine HA, la partie de la protéine virale la plus conservée parmi les souches grippales. En général, les vaccins favorisent la production d'anticorps qui reconnaissent principalement la tête de la protéine, la partie la plus exposée sur la particule virale, mais aussi celle qui se modifie le plus rapidement.
Le furet est un animal fréquemment utilisé comme modèle d'étude du virus de la grippe, car les effets des vaccins sur cet animal sont assez proches de ceux sur l'homme. Crédits DR.
Synthèse d’anticorps dirigés contre le H1N1 et le H5N1
Ainsi, les chercheurs ont pu montrer que la vaccination prime-boost, chez les animaux testés, a stimulé la synthèse d'anticorps capables de neutraliser différentes souches du sous-type H1N1, incluant celle de 1934. De plus, les anticorps étaient aussi capables de neutraliser le virus de la grippe aviaire (H5N1H5N1), appartenant à un autre sous-type puisqu'il possède une hémagglutinine de type H5. Potentiellement, la vaccination prime-boost pourrait donc conférer une immunitéimmunité générale contre toutes les souches de grippe.
C'est ce qui a été testé après l'analyse de l'efficacité des anticorps in vitroin vitro : les animaux vaccinés ont été infectés par des doses létales de virus. Trois semaines après l'injection de la souche de 1934, 80% des 20 souris doublement vaccinées testées ont survécu, alors que celles qui n'ont reçu que l'un ou l'autre des deux vaccins sont mortes. Les furets, quant à eux, ont survécu à l'infection par le virus de 1934 lorsqu'ils étaient vaccinés avec l'adénovirus, et contre la grippe de 2007 pour ceux auxquels le vaccin saisonnier avait été administré.
Les résultats, publiés dans le journal Science, sont encourageants, même si pour l'instant le vaccin universel contre la grippe n'est pas au point. Ils permettent toutefois d'imaginer d'autres stratégies, qui élargiraient encore davantage le spectrespectre d'efficacité du vaccin. Les chercheurs pensent même pouvoir tester à grande échelle un vaccin universel sur l'homme d'ici 3 à 5 ans.