Alors que le Priligy, premier traitement pour soigner l’éjaculation précoce, vient d’accéder au marché depuis le mois de mai, des critiques s’élèvent déjà contre lui. Il serait en effet potentiellement plus dangereux qu’utile. Mais les avis divergent.
au sommaire
Depuis le mois de mai 2013, la dapoxétine, commercialisée en France sous le nom de Priligy par les laboratoires Menarini, constitue le tout premier médicament pour traiter l'éjaculation précoce. Son autorisation de mise sur le marchéautorisation de mise sur le marché (AMM) fait déjà l'objet de vives critiques. Mais certains spécialistes, comme Béatrice Cuzin, estiment toutefois qu'il s'agit « d'une avancée ».
La dapoxétine appartient à une famille d'antidépresseurs appelée les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Ce médicament est indiqué depuis ce mois de mai pour les hommes qui se plaignent d'un délai d'éjaculation trop court. En France, le laboratoire distributeur a précédé cette autorisation d'une campagne d'information sur le sujet intitulée : « garder le contrôle ». Associée à une vidéo montrant un couple d'allumettesallumettes dont l'une s'enflamme trop vite, cette campagne a permis de faire le buzz sur l'arrivée de ce nouveau traitement.
Le Priligy plus dangereux qu’efficace contre l’éjaculation précoce ?
Or, la revue Prescrire dénonce une balance bénéfices-risques défavorable. Ce médicament « apporte peu de progrès notables », estiment ses rédacteurs. Il « expose aux effets indésirables des ISRS, dont des troubles digestifs et neuropsychiques, des syndromes sérotoninergiques et des troubles de l'humeur », poursuivent-ils. Selon eux, « les autorités de santé de l'Union européenne auraient mieux fait de refuser [cette] AMM ».
Pourtant, pour Béatrice Cuzin, il s'agit bien d'un progrès pour les nombreux hommes qui souffrent d'éjaculation précoce. D'une part, « c'est une porteporte ouverte pour les patients qui n'osent pas en parler à leur médecin. Cela peut les mener vers une prise en charge psychothérapeutique », estime-t-elle. Et d'autre part, sa duréedurée d'action étant courte, l'effet de sevrage, qui se manifeste lors d'un arrêt trop brutal, serait moins marqué.
De plus, « cette AMM permettra d'encadrer l'utilisation (hors-AMM) de certains autres antidépresseurs dans cette indication », ajoute la docteur. Dans tous les cas, « sa prescription devra être intelligente et bien comprise. Il n'existe pas de médicament au risque zéro et il n'est question de banaliser aucune moléculemolécule ». Enfin, « même les patients se voyant prescrire ce traitement devraient tous suivre une thérapie psycho-comportementale », conclut-elle.