Prendre un bon bain chaud serait plus efficace contre la dépression que la pratique du sport, selon des chercheurs suisses. Plusieurs explications scientifiques sont avancées.
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En Suisse alémanique, on apprécie de longue date les thermes où l'on se délasse dans les bains d'eau bouillonnante et les piscines d'eau minéralisée. Ce n'est donc pas un hasard si des chercheurs de l'Université de Fribourg ont pensé à utiliser cette thérapie pour soigner la dépression. Six chercheurs ont ainsi suivi 45 patients atteints de dépression modérée à sévère, séparés en deux groupes. Le premier devait prendre un bain chaud à 40 °C, pendant 20 minutes environ, deux fois par semaine. Le second groupe devait faire du sport (fitnessfitness, course à pied, stretching) pendant 45 minutes, également deux fois par semaine. Au bout de huit semaines, les chercheurs ont observé une amélioration de 5,9 points des symptômes dépressifs chez le premier groupe, mesurés sur l'échelle de Hamilton ; ce test est le plus utilisé pour évaluer la sévérité d'une dépression qui comprend 21 items. Le deuxième groupe ne bénéficiait lui que d'une baisse de 3,2 points.
Réajuster le rythme circadien
Les chercheurs avancent plusieurs explications. D'une part, la hausse de la température corporelle favorise le sommeil lorsqu'il est pris en fin d'après-midi. Or, on sait qu'un sommeil de mauvaise qualité est un facteur aggravant de la dépression. Deuxièmement, le bain chaud permettrait de réajuster le rythme circadien, perturbé chez les patients dépressifs. En effet, alors que la température corporelle est censée augmenter en fin d'après-midi et retomber durant la nuit d'environ 1 °C, ce cycle est décalé voire, inexistant en cas de dépression. Enfin, il existe un lien fort entre la température de la peau et la sécrétion de sérotoninesérotonine, un neurotransmetteurneurotransmetteur impliqué dans la dépression.
Ce résultat doit tout de même être considéré avec quelques précautions. D'abord en raison du faible nombre de participants, mais aussi de certains biais : les patients du deuxième groupe souffrant, par exemple, de dépression depuis plus longtemps que ceux ayant bénéficié des bains chauds. Néanmoins, soulignent les chercheurs, ce traitement pourrait être prescrit à des patients dans l'incapacité de faire du sport ou en accompagnement de médicaments antidépresseurs, qui mettent parfois de longues semaines pour produire un effet.
Prendre un bain chaud serait aussi bénéfique que le sport
Article de Marie-Céline RayMarie-Céline Ray publié le 05/04/2017
Les bains chauds, les saunassaunas, augmentent la température corporelle, tout comme une séance d'exercice physiquephysique. Ce réchauffement de l'organisme est associé à une consommation d'énergieénergie mais aussi à des bénéfices pour le contrôle de la glycémieglycémie et la santé cardiovasculaire.
Le sport est un bon moyen d'améliorer sa santé, mais ce n'est pas toujours simple de s'y mettre... Et si un bain chaud pouvait remplacer une séance d'exercice ? Cette idée séduisante n'est pas aussi farfelue qu'il n'y paraît. La science s'intéresse de plus en plus aux bienfaits de l'élévation de la température corporelle pour la santé.
Dans un article paru dans The Conversation, Steve Faulkner, de l'université de Loughborough (Royaume-Uni), fait le point sur les récents résultats de la recherche. Ainsi, en 2015, une étude finlandaise a montré que les hommes qui prenaient souvent des saunas avaient moins de risque de crise cardiaquecrise cardiaque ou d'AVCAVC. Une autre, de l’université de l’Oregon, a démontré que des bains chauds réduisaient la pression artériellepression artérielle et donc le risque de maladies cardiaques. Une explication est que le réchauffement du corps augmente les niveaux d'oxyde nitriqueoxyde nitrique, une moléculemolécule qui dilate les vaisseaux sanguins et réduit la pression artérielle.
Steve Faulkner et son équipe ont voulu en savoir plus sur l'effet de la chaleurchaleur sur l'organisme. Pour cela, ils ont recruté 14 hommes qui ont soit pris un bain pendant une heure à 40 °C, soit fait une heure de vélo. Ces deux activités élevaient la température corporelle de 1 °C. Certes, le vélo permettait de dépenser plus d'énergie qu'un bain chaud, mais le bain faisait tout de même consommer autant de caloriescalories qu'une marche de 30 minutes.
De plus, dans cette expérience, l'effet du bain sur le taux de glucoseglucose dans le sang était particulièrement intéressant. La réponse de la glycémie était similaire dans les deux situations, mais le pic de glucose après un repas était moins élevé (de 10 %) avec le bain chaud : 6,3 mmol/L de glucose avec le bain contre 6,8 avec l'exercice.
Des protéines de choc thermique impliquées dans la glycémie
Dans des études sur des animaux, des chercheurs ont mis en évidence le rôle joué par les protéines de choc thermiqueprotéines de choc thermique, ou HSP (heat shock protein). Leur niveau augmente après un exercice ou un réchauffement du corps. Or les protéines HSP seraient impliquées dans le contrôle de la glycémie. À long terme, des niveaux élevés de ces protéines pourraient améliorer son contrôle.
Ici, les chercheurs britanniques ont aussi mesuré la réponse des protéines HSP70 et IL-6 (une cytokinecytokine pro-inflammatoire) après le bain chaud ou la séance de vélo. La première, extracellulaire, a augmenté de manière similaire dans les deux cas. Vu les changements observés dans la réponse inflammatoire, Steve Faulkner en conclut que des bains chauds répétés pourraient contribuer à réduire l'inflammation chronique qui est souvent présente dans des maladies comme le diabète de type 2.
Les activités qui augmentent les protéines de choc thermique (bains chauds et saunas) pourraient donc fournir une alternative à l'exercice chez des personnes qui rencontrent des difficultés à pratiquer un sport.
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