Piloté par des chirurgiens, un robot a pour la première fois réalisé une ablation de l’utérus par voie vaginale. Malgré la réussite de l’opération et la sécurité apparente de la technique pour les patientes, le prix de la machine – plus d’un million d’euros – risque de freiner sa généralisation.

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    Le robot chirurgien Da Vinci S est capable de saisir avec précision de très petits objets (ici un grain de riz). © Intuitive Surgical

    Le robot chirurgien Da Vinci S est capable de saisir avec précision de très petits objets (ici un grain de riz). © Intuitive Surgical

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    Après l'inauguration d'un bistouri laser capable d'opérer le cerveau, une autre nouvelle insolite dans le domaine de la chirurgie, première mondiale cette fois, s'est déroulée début mai à l'hôpital CHRU de Lille. Un robot a pour la première fois réalisé l'ablationablation d'un utérus... avec tout de même le coup de main de l'équipe gynécologique du centre hospitalier, composée des professeurs Michel Cosson, Pierre Collinet, et Jean-Philippe Lucot.

    Bien que traumatisante pour les femmes, l'ablation de l'utérus, appelée hystérectomie, est une intervention fréquemment réalisée, et elle ne constitue donc pas une première en soi. Elle permet notamment de répondre à des problèmes gynécologiques tels l'endométriose, des saignements importants ou encore la présence de fibromes ou de tumeurs au niveau de l'utérus ou des trompes de Fallopetrompes de Fallope.

    Trois techniques permettent l'ablation de l'utérus

    Si l'ablation de l'utérus est possible (car son rôle dans la reproduction ne le rend pas essentiel à la survie du corps humain), en revanche, l'intervention elle-même peut constituer un danger pour les patientes. C'est pourquoi dans ce cas, et comme dans tout domaine chirurgical, des techniques de moins en moins invasives et de plus en plus sûres sont mises au point.

    Actuellement, trois techniques chirurgicales d'hystérectomies existent et sont utilisées à des fréquences équivalentes. La première, par voie abdominale, est la plus invasive car elle nécessite une grande incision au niveau du bas de l'abdomenabdomen. La deuxième technique, par voie cœlioscopique, est moins risquée car elle consiste en l'insertion d'une caméra et des outils chirurgicaux dans la cavité abdominale par de petites incisions réalisées sous le nombril et sur les côtés de l'abdomen. Enfin, la voie vaginale, celle-là même utilisée pour cette première mondiale, est la moins risquée car elle ne nécessite aucune incision et ne laisse par ailleurs aucune cicatricecicatrice visible.

    Le robot chirurgien, Da Vinci S, est constitué de gauche à droite d'une console de commande, de plusieurs bras articulés dotés de pinces, et d'une colonne d'endoscopie. © Intuitive Surgical

    Le robot chirurgien, Da Vinci S, est constitué de gauche à droite d'une console de commande, de plusieurs bras articulés dotés de pinces, et d'une colonne d'endoscopie. © Intuitive Surgical

    Un robot aux yeux de lynx et aux doigts de fée

    De cette façon, l'hystérectomie peut être pratiquée plus rapidement et l'intervention cause généralement moins de douleursdouleurs aux patientes. De plus, les risques postopératoirespostopératoires sont limités, avec des phlébitesphlébites et des emboliesembolies moins fréquentes. Les duréesdurées d'hospitalisation et de convalescence sont elles aussi réduites de moitié par rapport aux suites d'une opération chirurgicale plus conventionnelle. Bien qu'idéale, cette technique peut être compliquée par l'accès par les voies naturelles, restreintes.

    L'utilisation d'un robot chirurgien, appelé Da Vinci S, repousse ces limites en apportant aux chirurgiens une précision et une maniabilité inégalées. Doté d'un endoscopeendoscope enregistrant des images en trois dimensions (pour percevoir le relief), en haute définition et grossies dix fois, ainsi que de pinces robotisées à la pointe de la technologie, le robot obéit aux moindres faits et gestes du chirurgien, qui est quant à lui assis confortablement derrière un écran binoculaire, à quelques pas de la patiente.

    Vers une généralisation de l'utilisation du robot ?

    Grâce à l'utilisation de poignées très finement articulées, le médecin peut réaliser des gestes qui seront interprétés et convertis par le robot en des micromouvements des pinces. La dextérité du chirurgien est ainsi démultipliée, d'autant que l'étendue des gestes réalisables par le robot est plus vaste que les possibilités d'une main humaine. La sécurité de la patiente est encore renforcée grâce à l'atténuation des éventuels tremblements du chirurgien.

    La réussite de cette première mondiale pourrait mener à une généralisation progressive de la technique. Néanmoins, toutes les femmes concernées par l'hystérectomie n'en bénéficieront probablement pas, le robot étant encore peu distribué dans les hôpitaux français. Son coût, plus d'un million d'euros, en est certainement la cause. De plus, son temps d'utilisation en gynécologiegynécologie est restreint car l'appareil est partagé entre les différents services de chirurgie, qui sont tous ravis de pouvoir en disposer.