Dix cas de poliomyélite ont été confirmés en Syrie, tandis que le virus circule toujours à l’état sauvage en Israël. Alors que cette maladie paralysante n’a plus été constatée en Europe depuis 2002, les experts craignent qu’elle ne revienne dans certains territoires, y compris en Allemagne et au Royaume-Uni, où les politiques sanitaires ne sont pas forcément au point…

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    Après plus de deux ans et demi de conflit, les enfants syriens doivent faire face à un autre fléau : la polio. Après avoir étudié de près 22 cas de paralysie flasque aiguë, l'OMS a, au 29 octobre, confirmé que 10 d'entre eux, regroupés dans la région de Deir ez-Zor, à l'est du pays, étaient dus à la maladie virale très contagieuse. Face au risque de propagation, l'OMS a lancé une campagne de vaccination dans le but d'immuniser 2,4 millions de jeunes Syriens. Les voisins directs en bénéficieront également. Les autorités sanitaires craignent désormais deux choses : que l'épidémie ne gagne malgré tout du terrain, à cause de la guerre civile qui ralentit le bon déroulement des mesures préventives ; et que la Syrie ne devienne un nouveau territoire où la maladie est endémiqueendémique.

    Pour l'heure, on considère que seuls trois pays sont dans ce cas de figure : l'Afghanistan, le Pakistan et le Nigéria, ce qui n'empêche pas de constater des cas sporadiques dans les territoires frontaliers. Il faut dire que depuis 1988 et le projet mondial d'éradication de la poliomyélite, les efforts se sont fait ressentir. S'il y a 25 ans, 350.000 enfants étaient concernés, en 2012, on n'a dénombré que 223 nouveaux cas. Soit une réduction de 99 %. Pourtant, l'actualité récente fait craindre aux experts une propagation à l'Europe, mal armée contre la maladie.

    Pour mémoire, après des efforts concertés, la polio a été éradiquée de la cinquantaine d'États que compte le Vieux continent en 2002. Mais depuis, certains pays, et pas uniquement les plus modestes, ont un peu baissé leur garde. C'est-à-dire que les systèmes de surveillance ne sont pas pleinement efficients et que les taux de personnes vaccinées sont trop bas. Si la France ne semble pas vraiment concernée, l'Allemagne et le Royaume-Uni font partie des territoires où le risque de résurgence est intermédiaire. L'Ukraine, la Roumanie, la Géorgie et la Bosnie-Herzégovine comptent, quant à eux, parmi les plus exposés.

    En Syrie, l'OMS utilise le vaccin oral, à base d'un virus atténué. Il est un peu plus risqué, mais confère une protection contre la poliomyélite plus complète que le vaccin à base d'un virus inactivé, utilisé en Europe. © Unicef Sverige, Fotopédia, cc by 2.0

    En Syrie, l'OMS utilise le vaccin oral, à base d'un virus atténué. Il est un peu plus risqué, mais confère une protection contre la poliomyélite plus complète que le vaccin à base d'un virus inactivé, utilisé en Europe. © Unicef Sverige, Fotopédia, cc by 2.0

    L’Europe menacée par la polio venant du Moyen-Orient

    En effet, le Centre européen de préventionprévention et de contrôle des maladies (CEPCM, basé à Stockholm), ne cache pas son inquiétude. Comme l'Europe n'est pas bien immunisée et que de nombreux réfugiés syriens fuient les combats, le risque est à prendre au sérieux.

    Pourtant, si la probabilité de propagation depuis le Moyen-Orient est réelle, ce n'est pas la Syrie qui inquiète le plus. Mais Israël. En effet, depuis février dernier, le poliovirus a été détecté à plusieurs reprises. Aucun cas n'a été recensé, car la population de l'État hébreu est bien immunisée. La preuve avec ces 42 personnes chez qui l'on a retrouvé des traces du virus dans leurs déjections, sans pour autant qu'elles n'aient développé les symptômes. C'est la première fois que l'on constate une contagion du virus sans cas clinique.

    Cependant, le poliovirus semble persister, et les échanges avec l'Europe sont nombreux, ce qui laisse penser qu'il pourrait facilement voyager vers le Vieux continent. Cette situation pousse les experts à parler d'un risque élevé de propagation à l'international.

    Des campagnes de vaccination qui s’imposent

    Car malgré tout, même une personne protégée peut rapporter en souvenir le virus sans pour autant présenter les symptômes, à l'instar de ces 42 Israéliens. Le vaccin utilisé en Europe, comme en Israël, est conçu à partir d'un virus inactivé. S'il protège effectivement de la maladie, le système digestif est quant à lui mal immunisé et tolère donc la présence du pathogènepathogène. Si bien qu'on le découvre dans les déjections et qu'il est possible de le transmettre par voie féco-orale. Or, 12 millions d'enfants européens ne sont pas vaccinés. Ils figurent de fait parmi les populations les plus exposées.

    C'est pourquoi l'OMS utilise en Syrie (comme sur les autres territoires) un vaccinvaccin oral fabriqué à partir d'un virus atténuéatténué. Dans ce cas, même les intestins réagissent bien et se débarrassent du pathogène. Il existe cependant un faible risque de déclarer la maladie. Face au danger que représente la poliomyélite, maladie lourdement handicapante et parfois mortelle, il ne faut pas lésiner sur les moyens.