Une formidable victoire… une délivrance… un moment historique pour l'Afrique qui a aujourd'hui éradiqué la polio sur son continent. Depuis quatre ans, aucun cas n'a été signalé. Malgré la découverte du vaccin dans les années 50, la polio continuait ses ravages irréversiblement. Retour sur les campagnes de vaccination et les batailles durement menées contre certains préjugés.
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Le poliovirus sauvage, plus connu sous le nom de polio a été mardi officiellement déclaré « éradiqué » du continent africain par l'Organisation mondiale de la Santé, après quatre années consécutives sans cas déclaré et des efforts massifs de vaccination des enfants. « Aujourd'hui, les membres de la Commission de certificationcertification pour la région Afrique (ARCC) -- organisme de certification de l'OMS -- déclarent que la transmission du poliovirus sauvage a été interrompue » en Afrique, a affirmé sa présidente, Rose Leke, lors d'un événement organisé par visioconférencevisioconférence.
Aucun cas signalé depuis 4 ans
« C'est un moment historique pour l'Afrique, a déclaré la directrice Afrique de l'OMS, Matshidiso Moeti. À partir de maintenant, les enfants qui naîtront sur ce continent n'auront pas à craindre d'être infectés par la polio ». Cette annonce a également réuni par visioconférence le directeur général de l'OMS, l'Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus ainsi que le Nigérian Aliko Dangote et l'Américain Bill GatesBill Gates, tous deux milliardaires et philanthropes.
« C'est une formidable victoire, une délivrance, confie à l'AFP Tunji Funsho, du comité Polio Nigeria de l'association Rotary International. Cela fait plus de 30 ans que nous avons lancé ce défi. Dire que je suis heureux, c'est un euphémisme ! », se réjouit ce médecin nigérian.
“À partir de maintenant, les enfants qui naîtront sur ce continent n'auront pas à craindre d'être infectés par la polio”
Il faut normalement attendre trois ans sans cas déclaré pour obtenir la certification de l'OMS, mais l'organisation onusienne a préféré attendre quatre ans cette fois, « pour être sûre à 100 % qu'il n'y a plus de danger », explique le médecin. Provoquée par le poliovirus sauvage, la poliomyélite est une maladie infectieuse aiguë et contagieuse qui touche principalement les enfants, attaquant la moelle épinière et pouvant provoquer une paralysie irréversible. Elle était endémiqueendémique partout dans le monde, jusqu'à la découverte d'un vaccin dans les années 1950.
Les efforts de pédagogie ont fini par convaincre les populations
En 1988, l'OMS dénombrait 350.000 cas à travers le monde et encore plus de 70.000 cas rien qu'en Afrique en 1996. Mais, grâce à une rare prise de conscience collective et à d'importants efforts financiers (19 milliards de dollars sur 30 ans), seuls deux pays au monde comptent aujourd'hui des contaminationscontaminations par le poliovirus sauvage : l'Afghanistan (29 cas en 2020) et le Pakistan (58 cas).
ÉpicentreÉpicentre de la maladie dans le monde au début des années 2000, le Nigeria, géant africain de 200 millions d'habitants, figurait encore il y a peu à leurs côtés. Dans le Nord musulman, sous la pressionpression des milieux salafistes, les campagnes de vaccination antipolio s'étaient arrêtées entre 2003 et 2004, accusées par la rumeur d'être l'outil d'un vaste complot international pour stériliser les musulmans.
Il a fallu un énorme travail avec les chefs traditionnels et religieux pour convaincre les populations de faire vacciner leurs enfants. Pourtant, dès 2009 l'émergenceémergence du conflit contre Boko Haram a douché les espoirs d'avoir enfin éradiqué la maladie: en 2016, quatre nouveaux cas de poliomyélite étaient enregistrés dans l'État du Borno (Nord-Est), foyer de l'insurrection jihadiste.
« À l'époque, environ 400.000 enfants étaient hors d'atteinte de toute campagne médicale à cause des violences », se souvient le Dr Funsho. La situation sécuritaire reste extrêmement volatile dans le Nord-Est du Nigeria, dont Boko Haram et le groupe État Islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap) contrôlent de larges zones, particulièrement autour du lac Tchad.
Le 2e virus à être éradiqué sur le continent africain
« Mais les autorités locales, les agences humanitaires et tous les partenaires ont pris le taureau par les cornes pour trouver des solutions pour atteindre ces enfants », raconte Musa Idowu Audu, coordinateur de l'OMS pour l'Etat du Borno.
Aujourd'hui, on estime que seuls 30.000 enfants sont toujours « inaccessibles » : un chiffre « trop faible » pour assurer une transmission épidémique, selon les experts scientifiques. Malgré son « immense fierté et sa joie », le Dr Audu rappelle qu'une vingtaine d'employés médicaux ou de bénévoles ont été tués ces dernières années dans le Nord-Est du Nigeria. C'est le deuxième virusvirus à être éradiqué du continent depuis la disparition de la variolevariole il y a 40 ans.
Une bonne nouvelle qui n'arrive pas seule
Autres bonnes nouvelles émanant du continent : la République démocratique du Congo a annoncé mardi la fin officielle d'une meurtrière épidémie de rougeole qui a emporté, en 25 mois, plus de 7.000 enfants de moins de cinq ans.
“La République démocratique du Congo a annoncé la fin officielle d'une meurtrière épidémie de rougeole et le Togo a annoncé avoir définitivement éradiqué la « maladie du sommeil »”
Et le Togo a annoncé lundi être le premier pays africain à avoir définitivement éradiqué de son territoire la Trypanosomiase humaine africaine (THA), plus connue sous le nom de « maladie du sommeil ».
Des médecins restent cependant inquiets de l'impact de la pandémiepandémie de coronaviruscoronavirus sur les activités de surveillance d'autres épidémiesépidémies. Dans plusieurs pays du continent, les campagnes de vaccination, notamment de la polio, ont été interrompues en raison des restriction sur les déplacements, mais l'OMS a appelé à leur reprise dès que possible.
Continent le moins touché par le Covid-19Covid-19 après l'Océanie, l'Afrique a officiellement recensé 1.196.539 cas de coronavirus, dont 27.990 décès. « Nous semblons avoir atteint un pic et désormais le nombre de nouveaux cas quotidiens est en baisse », a souligné mardi la directrice régionale Afrique de l'OMS, Matshidiso Moeti, tout en mettant en garde contre un relâchement qui faciliterait une deuxième vaguevague de contaminations.